Critique du film – Mary et la fleur de la sorcière

« Mary et la Fleur de la sorcière » (メアリと魔女の花Meari to majo no hana) un film d’animation réalisé par Hiromasa Yonebayashi. Il est sorti le 21 février en France, au cinéma.

C’est l’adaptation du roman anglais « The Little Broomstick » de Mary Stewart. C’est aussi premier film du Studio Ponoc, fondé par d’anciens membres du Studio Ghibli, dont le réalisateur. Ancien disciple de Miyazaki notamment  pour « le Voyage de Chihiro », il réalise en 2010 son premier film, « Arrietty, le petit monde des chapardeurs », puis « Souvenirs de Marnie » en 2014 avant de quitter le studio Ghibli.

Quel est le sujet du film ? : Mary est une jeune fille qui vient d’emménager chez sa grand-tante à la campagne. Dans la forêt voisine, elle découvre une fleur mystérieuse qui ne fleurit qu’une fois tous les 7 ans. On l’appelle la « fleur de la sorcière ». Pour une nuit seulement, grâce à cette fleur, Mary va posséder des pouvoirs magiques et pourra entrer à Endor, l’école la plus renommée dans le monde de la magie, qui s’élève au-dessus du ciel et au-delà des nuages.
Le mystère de cette fleur de la sorcière, si convoitée va alors se révéler.

L’animation japonaise à l’œuvre dans la campagne anglaise, une excellente idée !

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« The Little Broomstick » est un roman de l’écrivain anglaise Mary Stewart sorti en 1971. Il est peu connu du grand public et n’a jamais été traduit en français. A priori, c’est donc une prise de risque de la part du studio ponoc d’adapter cette œuvre pour son premier film d’animation.

Ce que m’a enchanté tout au long du film, c’est cette diversité des influences et la qualité de l’animation.

Dès le début, on est plongé dans l’univers de la littérature anglaise. Quel plaisir de découvrir cet univers so british recréé à la perfection, à la fois mystérieux et rassurant, coloré et élégant. C’est surprenant pour un film d’animation japonais mais c’est vraiment plaisant.

Ce n’est cependant pas la première fois que l’animation japonais s’aventure hors des frontières du Japon. Vous vous souvenez peut être, dans les années 2000, du manga et de l’animé « Monster », dont une grande partie de l’intrigue se passe en Allemagne ou de « Noir » qui se déroule en France et en Italie. A chaque fois, je trouve que c’est une réussite totale. Je suis particulièrement admiratif du travail d’observation des illustrateurs japonais et de leur capacité à représenter par l’image ou le dessin les paysages et la singularité de leur ambiance.

Dans ce film, ne cherchez donc pas de références au Japon. Par contre, on retrouve ce côté féérique propre à l’animation japonaise. Ce sentiment d’évasion qui nous procure un plaisir quasi « enfantin » de découvrir une histoire et des personnages hauts en couleurs. Dans ce film, je pense en particulier au personnage chapardeur de  Flanagan, régisseur des balais, qui va enseigner à Mary l’art de monter à balai d’une manière bien particulière.

Le film est-il fidèle au roman ?

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Avant de voir le film, pour me renseigner sur cette œuvre, j’ai lu quelques passages du livre en anglais. En comparaison, on constate que le scénario a été simplifié.

Le livre commence par ses mots (que j’esssaie de vous traduire^^) : « Même son nom est nul. Rien ne pouvait être pire que sa situation. Avoir 10 ans, être si commune d’apparence, seule à la campagne, en train de regarder par la fenêtre d’un jour d’automne gris et maussade…et s’appeler Mary Smith ».

Le point de départ est donc assez déprimant. C’est le sentiment d’une jeune fille accablée par la tristesse et la déception. A la fois par sa situation, seule à la campagne, loin de ses parents. Mais aussi par une remise en question personnelle autour de son âge, son apparence et même son nom. Cette situation difficile de passage de l’enfance à adolescence paraissait intéressante.

Dans le film, on ne ressent que peu ce sentiment de mal être de l’héroïne (qui s’agace seulement contre sa chevelure) mais pas vraiment son impact psychologique. Je pense que le réalisateur a volontairement atténué cet aspect du roman pour se focaliser sur ce qui constitue le cœur de film, une épopée magique et féerique. Dans ce registre, le personnage de Mary est vraiment attachant. On prend un vrai plaisir à suivre ses aventures. On constate quand même une grande ressemble avec Kiki, la petite sorcière de Miyazaki.

Le moment où l’histoire bascule, c’est lorsque que Mary découvre la fleur de la sorcière et le balai magique qui va lui permettre de voler pour rejoindre Endor. L’ambiance du film change et nous entraine dans une épopée fantastique. Dans ce domaine, Hiromasa Yonebayashi démontre son savoir faire et frôle l’excellence. Avec ses multiples idées, on ne s’ennuie pas. Les scènes s’enchainent entre le spectacle par delà les nuages, et celles plus intimistes au cœur de la campagne avec beaucoup de cohérence et de rythme. Le sens apporté aux détails est bluffant. Je me répète mais c’est presque devenu un standard dans les films d’animations japonais.

Au final, on constate quand même que la prise de risque reste limitée. Certainement pour plaire au plus grand nombre. Peut être aussi à cause d’un héritage encore trop présent.

Une comparaison inévitable avec l’animation du studio Ghibli

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Après l’annonce du nom du réalisateur et aux vues des 1er extraits du film, je me demandais dans quelle mesure ce film allait s’inspirer du studio Ghibli.

Avant d’aller le voir, j’avais toutefois décidé de le juger en évitant toute comparaison entre Ponoc et Ghibli, Yonebayashi et Miyazaki.

Après la projection, le constat est sans appel, cette comparaison est inévitable.

La faute à ces personnages, idées et effets visuels (le balai magique, les méchants, le garçon partenaire de Mary, la représentation du palais dans le ciel…) qui font directement penser aux films du studio Ghibli. Malheureusement, on a une impression de déjà vu tout au long du film. Visuellement, il intègre trop de similitudes avec ses ainés et de ce fait souffre de cette comparaison.

On ressent le poids de l’héritage du studio Ghibli et le manque d’originalité du film fait qu’il ne parvient pas à s’en émanciper.

On constate que l’idée de puiser dans une source d’inspiration lointaine d’un livre anglais des années 1970 n’apparait finalement que comme un prétexte pour recycler les recettes du studio Ghibli. Ponoc n’a pas encore tourné la page et il manque cet ingrédient pour la magie opère pleinement.

Conclusion : Mary et la fleur de la sorcière est un bon divertissement. C’est un joli conte initiatique qui rappelle directement les films du studio Ghibli. Malheureusement, à vouloir trop s’en inspirer, il souffre directement de cette comparaison et la magie n’opère jamais vraiment. Le manque d’originalité et l’absence de véritable prise de risque de l’animation y sont pour beaucoup.

Bien sur, mon avis résulte d’une certaine exigence et doit être relativisé. Pour ceux qui ne connaissent pas très bien l’univers de Miyazaki, c’est un film enchanteur que je recommande vivement. Il faut aussi souligner que c’est le 1er film du studio ponoc et qu’il ne pouvait pas être parfait. Charge à eux de trouver à l’avenir une identité pour prendre une place à part entière dans l’animation japonaise.

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La bande annonce :

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