Promare

Critique du film – Promare

« Promare » est un film d’animation sorti au cinéma en France le 31 juillet 2019. Il est réalisé par Hiroyuki Imaishi.

Studios d’animation : Trigger – XFlag – Sanzigen

Distribution en France : Eurozoom

De quoi parle le film : Une énorme tempête de feu a dévasté la moitié des villes du monde, affaiblissant les hommes et donnant naissance à des mutants capables de manier le feu, les Burnish. 30 ans plus tard, un groupe de mutants terroristes, appelés les Mad Burnish, menacent de détruire de nouveau la Terre. Le seul rempart de l’humanité ? La Burning Rescue, une équipe de pompiers d’un nouveau genre qui vont entrer en collision avec les Mad Burnish.

« Un film à l’énergie communicative « 

Critique du film - Promare

J’ai vu PROMARE, deux semaines après sa sortie officielle. Je connaissais les premiers retours positif. Donc je m’attendais à passer un moment sympa, ce samedi matin, au Mk2 bibliothèque à Paris. J’avais tort. J’ai passé un moment incroyable !

C’est une expérience cinématographique dont je me souviendrai longtemps. Je suis resté scotché, émerveillé, époustouflé par ce déferlement d’énergie. Je vous explique pourquoi, voir ce film est un gros gros kiff.

Tout commence à Tokyo, Paris, New York…où la 1ere scène présente comment s’est formé le gigantesque brasier qui a provoqué l’embrasement d’une partie de la terre. Visuellement, on prend son premier shoot d’adrénaline. Ce n’est que le début.

Jusqu’au générique de fin, PROMARE déborde d’originalité et de créativité. On est immédiatement emporté par ce spectacle total. J’ai relevé seulement deux temps mort : une partie de la scène dans la pizzeria et la scène du lac. Tout le reste, c’est une dinguerie !

Le style d’animation est étonnant. A l’opposé par exemple de l’hyper réaliste Roi lion des studios Disney. Ici, les formes sont majoritairement géométriques donc très simples. Par exemple, le feu est représenté uniquement sous forme de triangles. Le génie, c’est que ces formes se décomposent et se recomposent à l’infini, c’est assez fascinant à voir.

L’animation est épuré, avec un nombre de couleurs limité. Mais paradoxalement, tout ce mélange fonctionne dans un cocktail explosif, à la fois concret et abstrait grâce aux nombreuses techniques d’animation. Cadre dans le cadre, déformations corporelles, écran splitté, zoom et gros plans ça part dans tous les sens. C’est aussi et surtout l’utilisation des mouvements qui rend l’action beaucoup plus dynamique. Ils débordent du cadre et s’adaptent continuellement aux décors et aux personnages, dans un délire visuel.

Les scènes de combats sont impressionnantes. Elles défie les lois de la gravité. Autant vous dire que même les Avengers resteraient à la traine s’ils avaient du apparaitre dans PROMARE. Chaque décor est le prétexte pour en créer une nouveau encore plus surprenant (que ce qui  se cache sous le lac, sous la tour du gouverneur ?).

Le film se termine en apothéose avec un combat des robots titanesque. Totalement jouissif. Oui, je suis allé voir le film bon matin, je suis me pété les yeux et les oreilles pendant 2 heures mais j’étais super content. C’est ça l’animation japonaise !

Pour résumer, PROMARE, c’est un tourbillon créatif. Visuellement, il ne s’interdit rien, ou plutôt il ose tout. C’est jouissif et communicatif.

La où le film frappe aussi très fort, c’est qu’il arrive malgré toute cette énergie, à conserver une cohérence. Même si dans les scènes d’action, il est quasi-impossible de tout suivre car ça va trop vite, je n’ai jamais eu envie de lâcher prise. A aucun moment je ne me suis jamais dit, ok c’est toujours pareil bim bam boum, j’en ai assez. Pour vous donner un élément de comparaison, dans DBS Broly j’avais lâché la dernière partie du combat contre Broly (malgré la qualité de l’animation). Dans PROMARE, je n’ai pas aucun sentiment de saturation (l’équilibre 2D, 3D aussi est bon). On prend son pied, un point c’est tout.

« Un air de folie et de spontanéité sur l’animation japonaise »

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Si PROMARE est aussi créatif et généreux, c’est avant tout grâce à l’équipe qui a oeuvré aux manettes. Elle s’est fait plaisir et ça se voit à l’écran. C’est ce qui fait que toute cette énergie est communicative. Qui se cache derrière cela ?

Le réalisateur, c’est Hiroyuki Imaishi. Il s’est révélé chez Gainax où il a notamment été animateur clé des épisodes controversé 25 et 26 d’Evangelion. Je retiens surtout sa dernière réalisation, à savoir l’excellent Tengen Toppa Gurren Lagann (animé de 27 épisodes sorti en 2007). En 2011, il décide de fonder le studio Trigger, avec Masahiko Ohtsuka. Sa première réalisation est un coup de maitre. C’est l’animé Kill la bill (24 épisodes diffusé entre 2013 et 2014 au Japon) que je vous invite à découvrir.

Il faut savoir que dès sa création, Trigger a rejoint une holding, regroupant deux autres sociétés (Ordet et Sangizen, spécialisées dans la 3D). L’objectif est de devenir plus autonome en gérant au maximum la chaine de production des animés. Pour ces raisons, « Promare » est le résultat de l’association du travail de 3 studios : Trigger, Sanzigen pour la 3D et XFLAG qui est plus dans la finance (c’est une société de production affiliée à Mixi, le célèbre réseau social japonais). Il y a aussi une volonté pour Trigger de se refaire une santé après ses dernières productions décevantes.

Dans Promare, Imaishi a réunit sa DREAM TEAM. Pas de Brad Pitt ni de Di Caprio mais ses plus proches collaborateurs, ceux avec qui il avait travaillé pour Gurren Lagann et Kill la Kill. Une équipe qui a su imposer son identité et insuffler un vent de folie dans l’animation japonaise.

Le scénario est signé Kazuki Nakashima. Simple et efficace. Il est souvent prévisible mais révèlent certaines subtilités et ménage quelques rebondissements. Globalement, on retrouve les thèmes déjà abordés dans Gurren Lagann et Kill la Kill, mais en beaucoup moins développés.

Le caractère design, Shigeto Koyama : très réussi, il s’inspire aussi beaucoup de Gurren Lagann. Notamment Galo dont la ressemblance avec Kamina saute aux yeux.

Les musiques sont composées par Hiroyuki Sawano, qui a composé pour l’Attaque des Titans, mobil suit Gumdam ou Guilty Crown. Pour moi, c’est un des plus grands compositeur japonais (il n’y a pas que Joe Hisaishi^^). Ce que j’aime, c’est qu’il associe presque toujours les instruments à un chœur de voix. Ici, cette association fonctionne bien. La musique que je préfère est « Inferno ». Voici le lien si vous voulez l’écouter :

L’autre thème que j’ai adoré n’est pas de Hiroyuki Sawano. C’est  « Kakusei » du groupe Superfly. C’est le thème de Lio Fotia. Une pure merveille  !!

Un mot sur l’humour qui est assez présent dans le film. Il est distillé dans quelques situations qui ne manqueront pas de vous faire sourire : le chat qui mange son hot dog, Galo qui court le feu aux fesses. C’est bête mais ça a fonctionné avec moi.

Comme vous l’avez compris, « Promare » s’inspire beaucoup de ses deux illustres ainés qui sont Gurren Lagann et Kill la Kill. Est-ce bien ou mauvais, faut-il absolument les comparer ?
Je ne connais pas assez ces animés pour me permettre de donner un avis tranché. Mais ce qui est certain c’est que le format du long métrage est différent de celui d’un animé. Aussi, je vois plus ce film comme une synthèse de ce que sait faire le studio Trigger, de ce qui a conduit à sa reconnaissance. PROMARE traduit peut être aussi une volonté de rassurer ses fans et pourquoi pas d’élargir son public, même si cette folie qui est son plus grand atout et aussi sa limite car il ne touche pas encore le grand public, qui préfèrera sans doute un roi lion, moins créatif et original. C’est bien dommage…

« Un trésor de créativité, à fond les manettes »

Critique du film - Promare

Le film présente toute une palette de personnages riche en couleurs. Si la forme prend clairement le dessus sur le fond, je trouve qu’ils sont tous réussis. L’exploration de leurs histoires et de leurs personnalités est un point fort du film.

Dés le début, on assiste à l’opposition entre la spectaculaire BURNING RESCUE (et sa star Galo Thymos) et la terrifiante MAD BURNICH (dont le leader est Lio Fotia). Mais le film est beaucoup moins manichéen qu’il n’y parait.

Galo est le héros idéaliste, intrépide et maladroit, boosté au nekketsu power. Trop prévisible, reprenant tous les codes du héro de shonen, ce n’est pas pour moi le perso le plus interessant (même si c’est celui que l’on voit le plus). Si vous connaissez Gurren Lagann, vous verrez en Galo, une copie conforme de Kamina.

Le personnage que j’ai préféré, c’est Lio Fotia. D’abord présenté comme le méchant « Bad ass », sur sa moto puis dans son armure noire. Une fois cette carapace brisée, on va découvrir toutes ses ambiguïtés et ses failles. Animé par la rage et la colère, il va progressivement se rendre compte que pour mener à bien son combat, il va devoir apprendre à se contrôler et surtout retrouver la confiance en l’autre. Je trouve que c’est un personnage auquel on peut facilement s’identifier (plus qu’à Galo, qui est caricatural).

Le personnage de Kray Foresight est sans doute le plus réussi, d’un point de vue du scénario. Ce gouverneur, qui est aussi un  mystérieux scientifique incarne à merveille son rôle de héro déchu, digne du Richard III de Shakespeare.

Un vrai bémol par contre pour les autres membres de la BURNING RESCUE. Une fois les présentations faites, ils sont laissés de coté. A part Aina, les autres patientent sagement sur le banc de touche, pour entrer en jeu seulement dans les arrêts de jeu, à la fin du film. Varys, Remi, Ignis, on se souvient à peine d’eux alors qu’ils sont vraiment cool. C’est dommage surtout que le film est assez long (1 heure 51) donc il y avait peut être la place de les intégrer un peu plus dans l’histoire.

Critique du film - Promare

Les méchas sont aussi des personnages à part entière. Délirants, de plus en plus démesuré par leurs transformations, sans eux le film serait bien fade. Leur design les rend tous plus délirants les uns que les autres. Ma préférence penche pour la Deus X Machina^^

« Promare » multiplie aussi les références aux animés de Méchas. Du Mazinger de Gō Nagai à Gundam et aux animés Gainax. Par exemple, lorsque les deux robots se retrouvent inertes, transpercées après le combat final, cette image m’a rappelé Evangelion, lorsque l’Eva 01. Comme dans Gurren Lagann, le film s’amuse à donner à chaque robot et à chaque attaque, un nom excentrique.

Mention spéciale au robot de Galo qui utilise une « arme » japonaise bien particulière avec une référence à l’histoire du Japon , qui change du sabre de samouraï . Savez vous ce qu’est un matoï ?

Le matoï était utilisé par les pompiers au cours de l’époque d’Edo pour informer les gens d’un incendie à proximité ou à l’intérieur d’un bâtiment. En réalité, ce n’est donc pas une arme. Il était mis sur le toit à proximité du bâtiment en flammes. Si la forme est globalement toujours la même, chaque groupe de pompiers personnalisait son matoï afin de s’identifier.

Aujourd’hui, cet objet est uniquement utilisé comme décoration lors de cérémonie ou de défilés. Sa traduction pourrait être comme « l’étendard des pompiers ».

« Une critique du libéralisme et de l’individualisme »

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« Promare » est avant tout un spectacle, on est d’accord. Mais bien que l’histoire soit parfois prévisible, j’ai particulièrement apprécié les messages de réflexions qui sont présents dans ce film. Ils sont simples mais forts et utiles !

Au-delà du déferlement des scènes d’action, le scénario est cohérent. Certes, certains messages frôlent volontairement la caricature mais d’autres, plus subtils nous permettent de tirer des enseignements sur les enjeux de notre société.

D’abord, sur la critique du libéralisme. J’ai relevé cela à travers l’esprit d’équipe qui anime la BURNING RESCUE.

Attention spoiler : le gouverneur Kray Foresight est au départ présenté comme un héro. Son image lui importe beaucoup. Mais derrière son masque se cache un vil égoïste, prêt à tout sacrifier pour qui la terre et sauver sa peau.

Son homme de main, le terrifiant Vulcan Haestus, pour qui l’oppression et la répression sont les seuls modes d’expression. Le film met en avant de manière super intéressante dont la manière dont il instrumentalise le droit pour satisfaire ses pulsions. Cela m’a fait penser au « détenteur du monopole de la violence physique légitime », selon la formule de Max Weber pour qualifier l’Etat. En réalité, il cherche à masquer son complexe. Fin du spoiler (ouf^^)

Ce film est aussi une critique de la pensée unique, à travers l’évolution des Burnish. Au départ désignés comme des terroristes, ces prétendues pyromanes criminels ne sont pas ce que l’on pense d’eux. Il veulent avant tout laisser leur désirs s’exprimer mais n’arrivent pas tous à se contrôler. La colère de Lio Fotia est avant tout un cri du cœur face aux injustices. Un message fort sur la défense des minorités et une critique de l’individualisme.

Au final, c’est un message d’ouverture et d’union qui triomphe. Celui de deux parties de la société, que tout le monde voulait opposer (comme le feu et la glace), mais dont la rencontre et l’association va permettre de sauver l’humanité.

Enfin, un message sur la protection de la terre et l’urgence climatique. Au lieu de faire des efforts pour chercher une solution de fuite, mettons toute notre énergie pour veiller sur notre planète et la préserver.

Conclusion : PROMARE est pour moi une vrai belle surprise. Il m’a surpris, enchanté, émerveillé, époustouflé du début à la fin. Je me suis laissé entrainé avec grand plaisir dans ce tourbillon d’action et de générosité. Visuellement, il ne s’interdit rien, ou plutôt il ose tout.  C’est totalement jouissif !

PROMARE est avant tout un spectacle, plein de spontanéité et de créativité. Certains messages frôlent volontairement la caricature mais d’autres, plus subtils nous permettent de tirer des enseignements sur les enjeux de notre société.

Foncez le voir au cinéma, afin d’en profiter pleinement sur grand écran !! Oui, c’est un film différent mais il serait dommage qu’il reste réservé à une infime partie du public en France.

https://japoncinema.com/les-film-japonais-a-ne-pas-rater-en-2019

https://www.imdb.com/title/tt9116358/

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