Mon top 5 des films de Takeshi Kitano

Takeshi Kitano, c’est l’homme qui a fait connaitre et réussi à rendre populaire les « films de yakuzas » dans le monde entier. Il est connu pour avoir un sens très expressif de la violence graphique.

Mais on résume trop souvent sa filmographie à ce genre de films et à une violence brute. Elle est aussi composée sur des films plus sentimentaux qui sont de vrais réussites et qui innovent dans le cinéma japonais (A scene at the sea par exemple). Surtout, T. Kitano place toujours les émotions (avec un minimalisme et un détachement souvent porté par l’humour) au centre de tous ses films et c’est certainement là qu’il faut y voir sa marque de fabrique.

Pourquoi Kitano est un acteur/réalisateur culte ?

Célèbre au Japon, depuis les années 70, grâce à ses spectacles comiques en duo à la télévision (le traditionnel manzaï), Kitano s’est ensuite tourné vers le cinéma, embrassant d’abord la carrière d’acteur puis celle de réalisateur.

J’aime ce réalisateur parce qu’il filme le Japon comme personne. Il ose filmer « l’autre côté » du Japon, au-delà des clichés et il ne s’interdit rien pour montrer ce qui lui tient à cœur.

Aux caractères lisses et aux personnages bien rangés, il préfère les jeunes sans avenir, les petits truands à la liberté de ton ou les loosers solitaires qui accumulent les échecs. Mais la provocation et l’irrévérence ne sont pas ses deux seuls traits de caractère. Toute sa carrière, Kitano s’est attaché à mettre en lumière les derniers recours de ces « laissés pour compte », à savoir la violence et l’humour.

D’abord la violence comme apprentissage de la vie et de son passage à l’âge adulte. Il la représente la violence sans avoir à se justifier. La forme du voyou ou du yakuza n’est finalement qu’un prétexte, une figure miroir de laquelle il se déplace pour extérioriser son côté sombre qu’il va dépasser. Ce défaitisme assumé laisse aussi une grande place à la joie et à l’émotion, un peu de douceur dans ce monde de brutes. Kitano illumine l’écran grâce à l’utilisation de l’humour qu’il maitrise parfaitement, son ironie et ses mises en scènes burlesques.

On fait parfois le constat (à mon avis à tort) que les acteurs asiatiques manquent d’expression. Kitano lui ne possède qu’une seule expression faciale ! Et pourtant, il parvient pourtant à nous toucher et à transmettre toutes ses émotions et incarne à merveille ses personnages.

Enfin, celui qui a connu une enfance et une adolescence difficile, livre dans chacun de ses films un message personnel sur son passé et sur son analyse de la société japonaise. Kitano se mue en professeur et c’est vraiment un plaisir d’apprendre avec lui !

Voilà pourquoi en 2017, Kitano est devenu culte. Il s’inscrit dans la lignée des très grands réalisateurs japonais mais toujours à contre-courant des conventions et des codes du cinéma conventionnel Hollywoodien. Alors, à quand un oscar ? 😉

Un film à découvrir sur ce mélange US/JAPON est « Haniki mon frère ». Kitano déplace le film de yakuzas aux USA. L’occasion de voir (à la sauce Kitano) comment les gangsters américains appréhendent les codes de la mafia japponaise et de leur radicalité.

Vous voulez y voir un peu plus clair dans sa filmographie ? Par quel film commencer pour découvrir son œuvre ? Voici ma sélection en 5 films pour découvrir sa filmographie.

Je viens de revoir « Sonatine » et je viens de l’intégrer à cette liste. Un commentaire m’avait fait la remarque (en m’insultant au passage, ce n’était pas nécessaire ce n’est que du cinéma). Enfin, je dois reconnaitre que ce film est un chef-d’œuvre. De toute façon faire un classement dans une filmographie, je pense que ça ne rime pas à grand-chose. C’est pour ça que j’ai arrêté d’en faire.

1) »Hana-bi » (sortie en 1997) :

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Le film :

Nishi est policier. Après plusieurs épreuves dans sa vie personnelle, il démissionne pour commettre un casse afin de rembourser d’importantes dettes contractées auprès des yakuzas et, surtout, chercher un sens à sa vie…

Mon avis :

« Hana-bi » est pour moi le meilleur film de T. Kitano. Celui qu’il faut voir et revoir.

D’abord, pour sa beauté. Il aura fallu 7 films pour que Kitano réalisateur se forge une identité. Il filme la nature, un cerf-volant, ses peintures, joue avec toutes les possibilités de l’image… on est envouté, presque hypnotisé par cet esthétisme audacieux mais plein de maturité qui deviendra la marque de fabrique du réalisateur. Le film nous laisse un profond sentiment de dépaysement.

L’autre qualité de ce long métrage, c’est sa puissance créative et narrative. Kitano s’autorise tout. Construit comme un puzzle, les histoires sont emboîtées les unes aux autres et le spectateur doit les rassembler. Au final, on explore les différentes facettes de l’homme, sa violence, son humour, sa mélancolie et surtout son amour d’autrui avec un jeu d’acteur de Kitano, au sommet de son art.

2) »L’été de Kikujiro » (sortie en 1999)

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Le film :

Masao est un jeune garçon qui vit sans ses parents, chez sa grand-mère à Tokyo. C’est le début de l’été et il se retrouve seul car tous ses amis sont partis en vacances. Il trouve par hasard une photo de sa mère qu’il décide de retrouver. Son partenaire de voyage, un ancien yakuza nommé Kikujiro est censé prendre soin de lui. Ensemble, ils improvisent un périple à travers le Japon.

Mon avis :

Ce film est une furieuse envie d’aller vers l’avant, une sorte de quête initiatique. C’est un périple marqué par la rencontre de nombreux personnages hauts en couleur et toujours de bonne humeur. C’est tout le charme du film, ou chaque rencontre va apporter quelque chose à Masao pour vivre pleinement son enfance. Elles permettent surtout au spectateur de se délecter de séquences de vie tantôt drôles, tantôt émouvantes mais toujours réjouissantes.

Ce que je préfère dans ce film, c’est son concentré d’humour. Kitano nous livre une série de gags et situations burlesques se déployant tout au long du film. Ma préférée est sans doute la séquence, assez longue, ou Masao, Kikujiro, les deux Bikers et l’écrivain itinérant se retrouvent et décident de camper.

On ne peut pas parler de ce film sans évoquer sa musique, composée par Joe Hisaishi, avec un thème principal et récurrent au violon et au piano que l’on reconnait dès les premières notes et qui est tellement émouvant. Certainement, une des musiques les plus marquantes de l’histoire du cinéma.

3) « Sonatine, mélodie mortelle » (sortie le 3 mai 1993)

Sonatine, mélodie mortelle - le test Blu Ray

Le film :

Bras droit du chef yakuza Kitajima, Murakawa est un homme brutal, éliminant froidement ceux qui se dressent en travers de sa route. Sans pitié, mais aussi sans passion, il aspire à une nouvelle vie. Appelé sur l’île d’Okinawa, il part avec ses hommes pour venir en aide au clan Nakamatsu en guerre contre le gang rival Anan.

La bande annonce :

4) « Dolls » (30 avril 2003)

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Le film :

Dolls regroupe trois histoires d’amour inspirées d’un spectacle de poupées du théâtre Bunraku.
Dans la première, Matsumoto et Sawako forment un couple heureux, mais les pressions exercées par leurs deux familles vont les forcer à faire un choix tragique.
Dans la deuxième, Hiro, un chef yakuza, retourne dans un parc où il avait l’habitude de voir sa petite amie, et se souvient… Trente ans plus tôt, il était un pauvre ouvrier et s’est retrouvé forcé de se séparer de la jeune fille pour intégrer le milieu du crime.
Dans la troisième, Haruna, dont le visage est recouvert de bandages, passe le plus clair de son temps à regarder la mer. Peu de temps auparavant, elle était une star de la musique, habituée à signer des autographes et à se montrer à la télévision. Nukui est sans aucun doute son plus grand fan et aujourd’hui, il compte bien le lui prouver.

Mon avis :

Voila un film de T. Kitano sans violence. Ici, Kitano change complètement de registre, il joue le contre-pied en traitant du thème de l’amour. Mais que les histoires d’amour et l’intensité dramatique du film, c’est la fluidité de de son déroulement et m’a ébloui. J’ai aimé ce film par la beauté de ses images et de la mise en scène. Certaines scènes sont juste magiques, et nous transportent aux confins du réel, quelque part entre la poésie et le rêve.

5) »Kids return » (sortie en 1996) 

Image associée

Le film :

Shinji et Masaru, deux lycéens paresseux et rétifs, préfèrent consacrer leur temps à racketer leurs condisciples, plutôt qu’à fréquenter les cours. Ils restent, de longues heures, dans un bar que fréquentent de petits truands. Un jour, Masaru se fait rosser par un élève à qui il tentait d’extorquer de l’argent. Il décide d’apprendre la boxe pour s’éviter à l’avenir, semblable mésaventure. Shinji l’accompagne et se révèle rapidement très doué. Masaru abandonne alors la boxe et rejoint une bande de gangsters. Shinji, mal conseillé par un vieux combattant raté, devient bientôt une véritable épave…

Mon avis :

Simple en apparence, c’est certainement le film le plus autobiographique. En se penchant sur l’indécision de son adolescence, ses histoires de yakuzas et sa mélancolie, ce film résonne comme une mise à nu de son passage à l’âge adulte.

Principale réussite, la musique s’accorde parfaitement à l’ambiance du film. C’est son fidèle ami Joe Hisaishi (également compositeur de Miyazaki), signe des thèmes à la fois nerveux et mélancoliques qui résument le film : le regard de Kitano posée sur l’amertume des années passées.

Mon top 5 des films de Takeshi Kitano

 

4 commentaires sur “Mon top 5 des films de Takeshi Kitano”

  1. Bonjour
    D’abord, un grand merci pour nous faire découvrir les œuvres phares du maître Kitano. Pour ma part, humble amoureux du Japon, c’est par « La légende de Zatoïchi » en 27 films que je suis entré dans le moule, puis je suis arrivé au Zatoïchi de Kitano où j’ai pu découvrir une extrême sensibilité malgré la dureté signifiée.
    Je viens vers vous pour une question à laquelle, vue la culture qui est la vôtre, vous saurez certainement répondre.
    Je regardais le film « 7 psychopathes » un movie US, comédie action de 2013 de Martin McDonagh avec entre autres Collin Farrell et Christopher Walken, et il y a une scène où les 2 protagonistes bavardent dans une salle de cinéma regardant une toile. Et durant leur conversation, on entend au second plan le son de gifles, très appuyées, on devine que c’est le film qui passe à l’écran, leur conversation continue, les gifles aussi, puis la caméra nous montre une bribe du film diffusé, Et là nous pouvons reconnaître ce cher Takeshi debout, penché en avant qui questionne à grand renfort de gifles un type complètement hagard tant il a pu en recevoir. Et Kitano de s’énerver, d’hausser le ton, la voix, et la fréquence des gifles. Le passage doit durer 1 minute, et le pauvre type assis par terre en vrac s’en prend plus d’une dizaine.
    Je voulais savoir si ce descriptif vous évoquait le film dont il s’agissait.
    Je vous remercie.
    Bien amicalement.
    Ab2p

     
    1. Bonjour,
      C’est le film « Violent Cop »(Sono otoko, kyōbō ni tsuki est le titre original). C’est le 1er long métrage réalisé par Takeshi Kitano.
      Il est sorti au cinéma au Japon en 1989 (seulement en 1998 en France). Merci pour votre soutien. Bien amicalement. Benjamin

       

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