La matinée du 6 août 1945 commença comme toutes les autres. À 8 h 15, la ville d’Hiroshima fut anéantie en un instant. La première bombe atomique larguée par les États-Unis sur une population civile innocente et raser presque tous les bâtiments. Elle laisse aujourd’hui une blessure si profonde qu’elle marquera l’art, la mémoire et l’identité pendant des générations. Pour la plupart des nations, le souvenir de ce jour réside dans les livres d’histoire et les photographies. Pour le Japon, et en particulier pour les artistes nés de son ombre, il perdure pour construire une mémoire, pour porter un message de paix.
Dans les décennies qui suivirent, les mangas et les anime s’exportèrent à l’échelle mondiale. Mais au cœur de ce wagon créatif se niche un courant plus calme, plus hanté. Certaines des œuvres japonaises les plus puissantes ne quittent pas Hiroshima du regard. Pour toujours se souvenir. Pour ne plus jamais revoir les erreurs du passé.
Ces récits tentent de traiter la destruction, interrogeant ce que signifie survivre à l’insurmontable. Ces œuvres portent le poids d’un traumatisme indicible. Ils laissent place à la protestation, à un devoir de mémoire qui transcende les frontières et les générations. Comme le film le tombeau des lucioles que je n’ai pu voir qu’une seule fois. Je trouve que les films d’animation décuplent encore plus les émotions.
Voici les œuvres, animes et mangas, qui se dressent dans l’ombre d’Hiroshima, à travers le temps, avant, pendant et après le traumatisme. Je vous laisse me dire en commentaires si vous en connaissez d’autres. Je les ajouterai ici.
« Pikadon » film réalisé par Sayoko Kinoshita (1978)
L’histoire : Le film commence par la représentation d’une matinée ordinaire à Hiroshima. Bien qu’il n’y ait pas de protagoniste, l’attention se porte principalement sur un enfant jouant avec un avion en papier. Au même moment, il lance son avion depuis son balcon et celui-ci s’effondre. La bombe atomique explose, provoquant une destruction sans précédent.
Des personnes meurent brûlées vives, la peau des survivants fond. La scène se termine par la vision d’une petite silhouette calcinée près du dôme de Genbaku, vraisemblablement l’enfant qui jouait avec un avion en papier plus tôt.
La dernière séquence montre le garçon lançant à nouveau son avion, l’avion en papier volant à sa place et passant au-dessus de la ville moderne d’Hiroshima telle une ombre.
La bande-annonce :
« Gen d’Hiroshima » manga de Keiji Nakazawa (1973 à 1985)
L’histoire : À travers les aventures tragiques et truculentes de ce gavroche d’Hiroshima, ce sont des pans entiers de l’histoire nipponne qui ressurgissent. ». Keiji Nakazawa est né à Hiroshima en 1939. Quatrième d’une famille de six enfants, il perd son père, sa soeur et son frère cadet, lors du bombardement atomique d’Hiroshima le 6 août 1945. À l’age de 22 ans, il monte à Tokyo où il débute une carrière de dessinateur.
« Gen d’Hiroshima » film réalisé par Mori Masaki (1983)
L’histoire : elle retrace le parcours de la famille Nakaoka à Hiroshima, du printemps 1945 au printemps 1953 en se centrant sur le bombardement atomique du 6 août 1945. L’histoire est basée sur la propre expérience de l’auteur, survivant du bombardement où il perdit son père, sa sœur et son frère cadet.
La bande-annonce :
« Le Pays des cerisiers », un manga de Fumiyo Kōno (2004)
L’histoire : Hiroshima, 1955, comment vivre normalement, comme une jeune fille, en ayant été témoin de tant d’horreur ? C’est sur cette interrogation que l’on ouvre « Le pays des cerisiers », récit poignant et lyrique sur la nécessité de se reconstruire et de s’apercevoir que la vie vaut quand même la peine d’être vécue…
« Hiroshima: The Autobiography of Barefoot Gen » de Keiji Nakazawa (2010)
L’histoire : Cette autobiographie captivante raconte la vie du célèbre mangaka Nakazawa Keiji. Né à Hiroshima en 1939, Nakazawa avait six ans lorsque, le 6 août 1945, les États-Unis larguèrent la bombe atomique. Son récit, cru et saisissant, des terribles conséquences de la guerre est raconté avec force à travers le regard d’un enfant qui a perdu la plupart de ses proches et de ses voisins.
Le récit se poursuit à travers les années terriblement difficiles de l’immédiat après-guerre, son apprentissage artistique à Tokyo, son manga pionnier sur la bombe atomique et la création de Barefoot Gen, le roman graphique classique basé sur ses propres expériences avant, pendant et après la bombe. Malgré la tristesse de son enfance, Nakazawa ne succombe jamais au pessimisme ni au défaitisme. Son optimisme et son activisme, caractéristiques de sa vie, transparaissent dans cette œuvre inspirante.
« Dans un recoin de ce monde » réalisé par Sunao Katabuchi (2016)
L’histoire : Suzu quitte Hiroshima en 1944, à l’occasion de son mariage, pour vivre dans la famille de son mari à Kure, un port militaire. La guerre rend le quotidien de plus en plus difficile. Malgré les bombardements, la jeune femme cultive la joie et l’art de vivre.
La bande-annonce :
« Letters from Hibakusha » anime par Kitaro Kosaka (2017)
L’histoire : Le 6 août 1945, une bombe atomique a été larguée sur Hiroshima. La NHK Hiroshima Broadcasting Corporation a lancé un appel aux témoignages des survivants. 2 200 lettres sont arrivées. 76 ans se sont écoulés depuis le largage et les survivants vieillissent de plus en plus. Afin de transmettre leurs histoires aux jeunes générations, ces lettres ont été utilisées pour réaliser des animations.
Lien vers les vidéos : https://www.youtube.com/playlist?list=PLVUR2RTFhbf6kjypZw_kuAXr2kgUG0og2
Pour aller plus loin : Ma liste des FILMS JAPONAIS sur le traumatisme de la bombe d’HIROSHIMA :