Hou Hsiao-hsien dévoile un triangle amoureux traité de manière originale car non linéaire. Il s'agit de capturer les doutes et les errements de la jeunesse taïwanaise.
Elle dévoile le portrait de Vicky (incarné par Shu Qi), jeune femme embarquée dans une vie de fêtes et d'excès, dans un Taiwan plein de bruits et couleurs, elle ne parvient pas à quitter son petit ami Hao hao.
L'histoire se déroule de son point de vue et elle va jouer sur le temps, présent, passé et futur, pour nous entrainer dans le tourbillon de ses émotions.
"C'était il y a dix ans déjà. L'année 2001. Le monde entier saluait le 21e siècle et célébrait le nouveau millénaire."
C'est avec cette phrase, énoncée par une voix off que le film commence.
Cette voix-off qui va nous accompagner, on peut l'interpréter comme la personne qu'elle est devenue car elle témoigne des éléments de l’histoire, de manière plus apaisée.
Enfin, le déroulement des évènements nous laisse aussi interpréter les faits, pour mieux les recomposer, les dénoncer ou les contempler selon son point de vue.
La relation avec Hao hao elle est tout sauf apaisée. Conflictuelle, entre rupture et réconciliations, abus, mensonges et jalousie elle se traduit par tous les excès. Une relation qui ne correspond pas au besoin de liberté de Vicky mais qui traduit la confusion de ses émotions.
Quand elle parvient enfin à quitter Hao hao, elle va se réfugier chez Jack un membre de la triade. Lui joue le rôle de la figure paternelle. Mais le réalisateur Hou Hsiao-hsien adopte la même logique. C'est une autre forme de manque qui s'exprime chez Vicky. Hao hao était trop présent, Jack est trop absent. D’ailleurs, il disparaît du jour au lendemain quand il est menacé par ses relations dans le milieu.
Une des intérêts de l'histoire réside dans l’absence de jugement, de manichéisme. Elle réside dans une réflexion sur le danger à se projeter trop dans une relation, de voir en l'autre ce qu'il n'est pas. De se rendre compte, ce qui aboutit souvent à une nécessité, de s'échapper pour vivre ou survivre.
Vicky son refuge, ce sont des échappées belles au Japon qui marquent une forme de relâchement et d'émancipation, d'indépendance. Elle reflète un bonheur le plus simple, un accomplissement éphémère comme celui d'un voyage.