JE PEUX ENTENDRE L’OCEAN – Analyse du téléfilm du studio Ghibli

« Je peux entendre l’océan » (海がきこえる, Umi ga kikoeru) est un téléfilm d’animation du studio Ghibli. C’est une adaptation du roman de Saeko Himuro publié entre février 1990 et janvier 1992 dans le magazine Gekkan Animage dont Katsuya Kondo, directeur de l’animation sur Kiki la Petite Sorcière, avait dessiné les illustrations.

« Je peux entendre l’océan » n’est pas réalisé par Miyazaki, ni Takahata. C’est Tomomi Mochizuki, connu pour son travail sur les animes Kimagure Orange Road (Max & Compagnie) et Maison Ikkoku (Juliette, je t’aime) qui a réalisé ce téléfilm, diffusé pour la première fois au Japon le 25 décembre 1993, non pas au cinéma, mais à la télévision.

Un téléfilm souvent égratigné par les critiques. Un site internet « grand public » le classe « plus mauvais Ghibli ». On lui reproche son manque de moyens, d’ambition, la banalité de l’histoire… c’est en partie vrai. Mais les ingrédients d’un film doivent-ils être toujours les mêmes ? Je pense que non. J’aimerai tenter de réhabiliter la réputation de ce téléfilm. Que je vous conseille de voir au moins une fois.

Car « Je peux entendre l’Océan » est une œuvre à part, dans l’histoire du studio Ghibli. Une œuvre qui flirte avec nos émotions et surtout qui nous plonge au Japon avec beaucoup d’authenticité.

Voir mon explication du téléfilm en vidéo :

L’histoire : À la suite du divorce de ses parents, Rikako Muto, lycéenne originaire de Tokyo, suit à regrets sa mère qui vient s’établir à Kōchi. Elle arrive en cours d’année scolaire. Dès son arrivée, elle est remarquée par Yutaka Matsuno qui la présente à son meilleur ami, Taku Morisaki. L’ambiance méridionale et provinciale de Kōchi est très différente de Tokyo et Rikako a du mal à s’intégrer dans sa classe.

1) Un appel aux souvenirs

Il ne faut pas comparer « je peux entendre l’océan » aux films de Miyazaki et Takahata. Il ne faut surtout pas attendre une ambition auquel il ne prétend pas.

Pour l’apprécier, il faut plonger dans la petite ville de Kochi et se laisser porter par la banalité d’une histoire qui se dévoile à travers des discussions, mais aussi de silences, souvent plus lourds de sens des trois personnages principaux. C’est aussi cela le cinéma, faire appel à nos souvenirs.

Car le thème principal du téléfilm, c’est le sens des relations humaines, en amour comme en amitié. À travers une rencontre, les interrogations qu’elle engendre, les attentes, les déceptions. Il révèle les tranches de vie des trois personnages principaux qui ne vont jamais se retrouver ensemble, hormis un court moment au début du film où Rikako se contente d’un hochement de tête (et reste quasiment silencieuse). Car dans ce téléfilm, tout est question d’interprétation…

Le début du film laisse penser que le thème principal est la nostalgie, c’est une trompe l’œil. En réalité, c’est une invitation à célébrer l’instant présent. Il peut sembler cynique et critique à l’égard de ses personnages principaux adolescents. En réalité, il montre une volonté de les secouer. De les encourager sur ce long chemin vers l’accomplissement de leur vie d’adulte. Une invitation à se rendre compte aussi que les colères du passé sont devenues de lointains souvenirs. Lorsque les relations du passé sont vues sous un nouveau jour.

Il révèle aussi une vérité sur notre rapport au temps :
Des conséquences sur nos manières de penser et de voir les choses. Ces actions que nous pensons anodines sur le moment, mais peuvent avoir de conséquences plusieurs années. Ces personnes que nous pensions connaître puis qui changent en un clin d’œil. Comme dans un Drama ou un film de cinéma, il révèle à la fois le côté éphémère et marquant des émotions. Ces instants déchirant sur le moment, mais qui sont en réalité sans importance.

2)L’authenticité d’un voyage au Japon 

Je vois ce film comme une authentique carte postale du Japon, comme une impression d’être chez soi qui balance entre découverte et contemplation.
Une représentation pleine d’immersion dans le quotidien de cette période du début des années 90 avec des images que j’ai trouvées très proches de la photographie. Une vision romantique et sincère, qui dépeint un paysage VIVANT, Remplie de possibilités.

Le film est pertinent aussi dans les thèmes de société qu’il aborde est très subtile sans en faire trop. Il pose simplement un décor et nous laisse nous faire notre avis :
– sur l’entrée des jeunes dans le monde du travail avec la nécessité pour un étudiant d’avoir un « Baito », pour gagner de l’argent.
– sur le système éducatif japonais : Le classement des élèves qui courage à la compétition entre les élèves qui nécessite bcp d’investissement (cours du soir, révisions intensives) et engendre beaucoup de pression.

Conclusion : Si aimez le Japon, il faut voir ce téléfilm au moins une fois. Si vous n’accrochez pas la première fois, essayer plus tard, 1, 5 ou 10 ans, peu importe. Pour ressentir toute authenticité et cette pudeur qui font encore aujourd’hui de ce téléfilm une œuvre à part dans l’histoire du studio Ghibli. Qui nous dévoile le sens des souvenirs et montre à quel point il est bon d’apprécier l’instant présent.

https://japoncinema.com/liste-des-films-du-studio-ghibli/

https://www.youtube.com/channel/UCeLmCGO5ksnjMM5MLrhCEDw

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