Critique du film - Princesse Mononoke

Critique du film – Princesse Mononoke

Princesse Mononoké (もののけ姫 qui signifie Princesse des esprits vengeurs) est un film d’animation des studio Ghili sorti en France en 2000 et réalisé par Hayao Miyazaki.

L’histoire se déroule dans le Japon médiéval, pendant l’ère Muromachi (1333-1568). Blessé par une créature monstrueuse, un jeune prince part à la recherche du remède qui pourrait le sauver.

« La genèse d’une épopée universelle »

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A l’origine, princesse Mononoke est un projet d’ouvrage. Intitulé Mononoke Hime, il s’agit d’un recueil de croquis créés par Miyazaki en 1980. Les dessins à l’aquarelle sont agrémentés de commentaires courts en guise d’histoire. On constate que l’histoire diffère de celle du film puisqu’ elle relate les péripéties d’une jeune princesse qui est forcée d’épouser un monstre, Mononoke. A noter que cette histoire s’est vu refuser l’adaptation à la télévision parce qu’il traitait d’une histoire trop sombre. Il faudra donc plus de 15 ans à Miyazaki et ses équipes pour retravailler son projet et nous livrer une histoire bien plus aboutie.

Il est intéressant de relever que ce film a été annoncé à tort au Japon comme « le dernier long métrage de Miyazaki ». En effet, Miyazaki (56 ans au moment de la sortie japonaise de princesse Mononoke) révéla sa lassitude à l’issue des trois ans de production nécessaires pour ce film. Cela s’explique essentiellement par sa profonde implication à chaque étape de la création d’un film.

Ici, Miyazaki explore une facette universelle de son talent de conteur. Il imagine un rapport de force épique entre les hommes et la nature.

« La rencontre d’une princesse et d’un prince »

Critique du film - Princesse Mononoke

En partant à la recherche d’une solution à son mal, le héros masculin Ashitaka (en japonais « demain ? ») sera témoin de la folie du monde. Il découvre un monde nouveau, puisqu’il vient d’un village isolé. Plus qu’une simple aventure, son histoire est donc celle d’une véritable quête initiatique.

Ashitaka est empreint d’idéalisme. Il prend alternativement parti pour l’homme et les animaux, ayant le souci de protéger la forêt mais comprenant aussi les intérêts vitaux des forgerons, dans une vision qui réconcilierait les hommes et la nature. Il fait également preuve à de nombreuses reprises d’altruisme. Dès le début du film, il se met en danger pour sauver son village. Il prend également tous les risques pour sauver Mononoke lorsque celle-ci se retrouve esseulée au centre de la forge. Mais il est également contrôlé par la malédiction, comme l’illustre la folie de son bras, qui lui confère une force sur-humaine et une souffrance qu’il tente de maîtriser.

Malgré cela il arrive à suivre le précepte de la chamane de son village, un message central du film, porter sur le monde « un regard sans haine ».

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C’est une jeune fille (San) recueillie par les loups après avoir été abandonnée par ses parents. Elle est devenue la fille adoptive de la déesse louve Moro et la considère comme sa véritable mère. Elle lutte auprès d’elle et de ses deux frères loups afin de protéger la forêt des humains et  en particulier du village des forges, dirigé par Dame Eboshi. Sa rencontre avec Ashitaka ne la détournera pas de ses convictions. Les loups sont sa famille, la forêt, sa maison.

San est pour moi le centre du film. A travers ce personnage, Miyazaki prend le contre pied du comte de fée traditionnel et des films d’animation produits par Disney.

Chacune de ses apparitions est remarquable par son ambivalence, humaine par nature, elle préfère la nature à l’homme : captivante, lorsque qu’elle chevauche son frère loup pour attaquer les humains, elle est bouleversante, lorsqu’elle nourrit Ashitaka blessé de la bouche à la bouche.  Elle est aussi le symbole d’une dualité entre la femme qu’elle est en train de devenir et la nature animale dont elle est issue et dont elle ne veut pas se détacher. Elle est possédée par ses instincts (sa volonté de tuer dame Eboshi) mais elle prendra progressivement conscience de son intelligence et de son esprit d’analyse (c’est elle qui dirige les attaques des animaux) et de sa sensibilité envers Ashitaka. En ce sens, elle incarne les deux combats les plus engagés de Miyazaki : le féminisme et l’écologie.

Mais leur amour est impossible car elle ne peut ni vivre hors de la forêt, ni pardonner aux humains leurs actions. Ashitaka restera cependant dans le village des forges, pour lui rendre visite et ainsi contribuer au lien pacifique entre les hommes et la forêt.

« Une exploration singulière du rapport entre « l’homme » et la nature »

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Le conflit central du film oppose les habitants de la forêt au village des forgerons, qui ont besoin du bois et des arbres pour exercer leur activité. Vous l’aurez compris, le film traite du rapport entre l’homme et la nature. On peut aisément critiquer ce thème en considérant qu’il s’agit d’un sujet récurent, lise et idéaliste déjà traité par le cinéma notamment par Miyazaki dans le manga Nausicaä de la vallée du vent.

Je ne suis pas de cet avis. En effet dans princesse Mononoke, Miyazaki nous plonge dans une pluralité d’histoire ou l’intime et le collectif se retrouvent mêlées pour transcender le spectateur et lui livrer un message singulier d’une rare profondeur.

Au delà d’un simple appel à la sauvegarde de la nature et des animaux, Princesse Mononoké est un signal d’alarme sur l’équilibre nécessaire entre l’Homme et son environnement. Bien que précaire, il s’impose à la pérennité de toute communauté, et s’entend comme un contrat moral qui doit être établi puis transmis à toutes les générations. Certes les interactions sont nécessaires pour l’homme et le progrès mais par son éducation, il doit rester attentif, à l’écoute de la nature, sous peine de subir des dommages irréversibles. C’est là tout le génie de Miyazaki qui ne présente pas seulement la nature de manière douce, idyllique, mais explore quelque chose de beaucoup plus vaste, dont la violence réciproque qu’il existe dans cette relation.

« La magie de l’univers de Miyazaki »

Critique du film - Princesse Mononoke

Le film est porté par une réelle identité graphique. La poésie des couleurs et la mise en scène inventive, alternant les combats et les moments plus intimistes, n’ont rien à envier au grand cinéma d’aventure. L’utilisation des travellings et les panoramiques majestueux transcendent les scènes et l’impression d’immersion est totale : dans la cité des forges perchée sur une haute montagne,  avec la meute de loups blancs striant la nuit, au sein des sortilèges multiples de la forêt, le tout bercé par la musique de Joe Hisaishi… vous allez vibrer à plusieurs reprises au cours du film !!

Il faut savoir que pour ce film, l’animation  a pour l’essentiel été conçue selon des procédés traditionnels, dans des décors inspirés par les forêts denses et les montagnes de l’île de Yakushima. Miyazaki a procédé à la vérification personnelle de 80.000 cellulos d’animation sur les 144.000 que compte le film. Ce long métrage est sans conteste un des symboles de l’âge d’or de l’animation japonaise.

3 raisons de voir le film :

+ L’ambivalence des personnages

+Une réflexion profonde sur les rapports entre l’homme et la nature

+ Un univers unique et fascinant

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