C’est une bénédiction pour l’histoire de l’animation japonaise en France. Le film d’animation « L’œuf de l’ange » qui date de 1985 vient de sortir au cinéma le 3 décembre 2025. Une version restaurée 4K de cette œuvre matricielle pour Mamoru Oshii (Ghost in the Shell) avec la direction artistique de Yoshitaka Amano (Final Fantasy). Un film d’animation que j’adore et qui reste assez méconnu en France. Le distributeur en France est Eurozoom.
Il faut bien comprendre que ce film se représente comme une œuvre d’art, un joyau de créativité, qui ne ressemble à aucune autre réalisation dans l’histoire de l’animation, sur la forme comme sur le fond. Je vous invite à voir ce film d’animation sur grand écran pour vivre ou revivre cette expérience mystique, envoutante, poétique et mélancolique, tout simplement inoubliable.

Oshii présente un monde plongé dans un hiver nucléaire permanent et peuplé de créatures mécaniques, de bâtiments abandonnés, d’armes mécaniques sans but, toujours en marche dans une guerre entre des camps disparus depuis longtemps, et d’ombres traquées par des fantômes. Au milieu de ce chaos, deux êtres humains : une jeune fille qui irradie une fragile survie de ses longs cheveux clairs et fins, elle protège farouchement un œuf non éclos. Un homme brandissant une croix qui, au milieu de toute cette mort, perçoit cette possibilité de vie nouvelle et ne songe qu’à la détruire.
On peut voir ce film comme un miroir des traumatismes : de l’histoire du monde la seconde guerre mondiale, Hiroshima, de l’histoire de l’animation comme la fin d’Evangelion mais encore plus profondément une dimension philosophique et psychologique qui s’adresse directement à notre « moi » et nous pose des questions existentielles. On peut voir aussi une référence à l’arche de Noé qui en modifie le dénouement : les colombes envoyées chercher la terre ferme après la fin des pluies ne reviennent jamais, et l’arche continue d’errer sur les mers infinies.
Je précise que le studio d’animation est le studio DEEN. Un studio légendaire dans l’histoire de l’animation que j’ai découvert dans les années 90 avec l’adaptation des mangas Maison Ikkoku et Ranma ½ de Rumiko Takahashi. L’animation des années 80 et 90 avait quand même de sacrées qualités créatives, transmettre des émotions sans qu’aucun mot ne soit prononcé.

Enfin, je dois dire film est quasiment muet et assez court pour un film d’animation (71 minutes). Cela peut surprendre, mais largement compensé par l’ambiance et les décors qui sont inoubliables. Et je pense que les quelques mots prononcés en japonais ont plus d’impact, d’émotion et de beauté que de longs dialogues.
L’histoire s’ouvre sur un univers postapocalyptique fait de silences et de ruines, une petite fille conserve précieusement un œuf, devenu le dernier vestige de la vie. Couleurs subtiles, lignes épurées et paraboles bibliques font la beauté d’une ode à la mélancolie, poignante contemplation d’une humanité en quête de sens.
La bande annonce :
L’affiche du film
