C’est un thème de la société japonaise méconnu en France. Loin des clichés entre tradition et modernité, le film « PLAN 75 » traite d’un enjeu important et sans concessions, l’isolement et l’abandon des personnes âgées. Un défi majeur pour le Japon.
Date de sortie du film au cinéma : 7 septembre 2022
Vous avez peut être déjà entendu parlé des problèmes démographiques que connait le Japon depuis plusieurs décennies. On ramène souvent ce thème à la dénatalité qui poursuit sa chute. En 2017, le nombre de naissance était inférieur à 1 million en 1 an. Les médias souffle déjà un vent de panique à court terme, les politiques sont inquiets des conséquences sur l’économie à long terme,
Il existe un défi tout aussi important, passé sous silence. Il a les traits du passé mais se conjugue au présent. Celui de la fin de vie des personnes âgées et le risque, de leur isolement, de leur abandon et donc de leurs souffrances, après une rude vie de labeur. Le Japon est devenu en 2013 le champion du monde des personnes âgées. Les plus de 65 ans représentent un quart de la population soit 31.86 millions d’individus. Selon les projections, les chiffres vont s’accroître : les Japonais de plus de 65 ans représenteront un tiers de la population en 2035 et 40% en 2060.
« PLAN 75 » est un film implacable et bouleversant sur la dignité humaine. Dans son premier long métrage, la réalisatrice Chie Hayakawa redonne la voix à ceux que l’on délaisse. Vous ne serez pas surpris si je vous informe que la réalisatrice et Hirokazu Kore Eda se connaissent bien.
Ils partagent cette volonté, cette nécessite de faire des films qui se révèlent autant des avertissements que des prévisions sur ce qui pourrait arriver de pire.
Dans une interview, elle révèle que les personnes âgées se sentent de plus en plus mises à l’écart de la société.
« Il y a en une volonté de rester connecté à la société. Pour trouver un logement, elles hésitent à recourir à l’assistance sociale en raison d’un sentiment de honte. Il existe une pression diffuse sur ces personnes socialement plus faibles qui leur donne le sentiment d’être inutile. S’ajoute une nécessité de travailler pour survivre ». La pension de retraite minimum ne représente pas grand chose au Japon. Ainsi, pour continuer à vivre de manière décente, de nombreuses personnes âgées sont obligées de continuer à travailler.
Lorsque de mes voyages au Japon, j’ai vu beaucoup de personnes âgées qui travaillent, parfois tard le soir dans des conditions parfois inacceptables. Je me souviens en particulier d’un « vieux monsieur » dans un fastfood à Tokyo qui se démenait avec la plus grande concentration pour servir les quelques clients éparpillés sur les 3 étages du fast food. Après avoir constaté qu’il avait du mal à monter les escaliers, je l’avais aidé à transporter des plateaux. Avant de quitter lâchement le restaurant en me posant cette question : Qu’est ce que je pouvais faire de plus ?
C’est cette force que vous donnera le film. Un devoir de mettre en lumière celles et ceux qui compte encore malgré le nombre des années. Il faut donc aller le voir au cinéma ! L’actrice Chieko Baishō interprète un des rôles de sa vie.
L’histoire du film : Au Japon, dans un futur proche, le vieillissement de la population s’accélère. Le gouvernement estime qu’à partir d’un certain âge, les seniors deviennent une charge inutile pour la société et met en place le « Plan 75 ». Ce programme propose aux plus de 75 ans un accompagnement logistique et financier pour mettre fin à leurs jours. Une candidate au plan 75, Michi, un recruteur du gouvernement, Hiromu, et une jeune aide-soignante philippine, Maria, se retrouvent confrontés à un pacte mortifère.
La bande annonce :
La liste des salles :