Clap de fin pour la 16 ème édition du festival Kinotayo dans cet écrin de culture qu’est la Maison de la Culture du Japon à Paris. Une programmation qui a tenue toutes ses promesses. Une édition qui a mis à l’honneur le cinéma japonais, mais aussi en lumière l’art du documentaire, qui dévoile des portraits une photographie authentique de la société japonaise.
En forme de passage de témoin, les films présentés à Kinotayo sont un lien fort entre le Japon et la France. Un trait d’union par l’image qui représente beaucoup pour moi, simple spectateur. J’espère que ces films pourront sortir au cinéma en France.
La cérémonie de clôture a permis la remise de 3 prix récompensant 3 œuvres très différentes. Voici le palmarès du festival Kinotayo 2022.
Grand Prix du Jury : « Soup and Ideology » réalisé par Yang Yonghi
L’histoire :
La mère de la cinéaste Yang Yonghi est l’une des derniers rescapés de la sanglante répression menée par les forces sud-coréennes avec l’appui de l’occupant américain, suite au soulèvement de l’île de Jeju le 3 avril 1948 en Corée du Sud. Alors qu’elle présente son futur époux japonais à sa mère, l’Institut de recherche Jeju 4.3, chargé de compiler des informations sur cet événement demeuré tabou dans l’histoire nationale durant un demi-siècle, rend visite à cette dernière afin de recueillir son précieux témoignage. C’est alors que sa démence s’aggrave et qu’elle est diagnostiquée Alzheimer.
Ce documentaire prend la forme d’une gigantesque anamnèse au cours de laquelle l’histoire individuelle d’une famille déchirée se superpose à l’histoire collective tragique du peuple coréen. Véritable catharsis sur l’exorcisation des fantômes de l’Histoire, cette œuvre clôt une trilogie familiale entamée il y a près de vingt ans avec Dear Pyongyang. Un documentaire bouleversant qui nous invite à une relecture de l’histoire coréenne tout autant qu’à surmonter l’idéologie qui nous divise.
SOLEIL D’OR, prix du public du festival : « LA FAMILLE ASADA »
Réalisateur : Ryota Nakano
Date de sortie en France : 25 janvier 2023
Distributeur : Art House
L’histoire : Dans la famille Asada, chacun a un rêve secret : le père aurait aimé être pompier, le grand-frère pilote de formule 1 et la mère se serait bien imaginée en épouse de yakuza ! Masashi, lui, a réalisé le sien : devenir photographe. Grâce à son travail, il va permettre à chacun de réaliser que le bonheur est à portée de main. Une histoire lumineuse tirée de faits réels, autour de la vocation d’un jeune homme soutenu par les siens, et qui donne un coup de projecteur au pouvoir de la photographie dans la préservation de la mémoire, de la plus intime à celle d’une nation entière.
Prix du Jury : « Torao » réalisé par Kazuya Murayama
L’histoire : Torao, inspecteur à la retraite depuis peu, reste tourmenté par le meurtre d’une jeune maître-nageuse. En 1992, Chiho fut retrouvée assassinée dans sa voiture sur le parking de la piscine où elle travaillait. L’auteur du crime n’a jamais été arrêté malgré de nombreux indices, dont des traces d’un arbre rare, le sapin d’eau (ou metasequoia). Torao fait la rencontre de Kayako Kaji, une étudiante en géographie qui va l’aider à relancer officieusement l’enquête, la guidant à distance, alors qu’elle recueille de nouveaux témoignages…
Le charismatique et énigmatique Torao Nishimura tient son propre rôle de policier dans une fiction au cractère documentaire qui sème constamment le trouble entre les faits réels et leur reconstitution. Un premier film mystérieux et prometteur dans la veine de Memories of murder de Bong Joon-ho ou Zodiac de David Fincher, dans sa capacité à nous faire vivre de l’intérieur l’obsession du protagoniste pour une affaire non résolue qui l’aura hanté durant toute sa carrière et au-delà.