« Fireworks » (Uchiage Hanabi shita kara Miru ka ? Yoko kara Miru ka ?) est un film d’animation co-réalisé par Akiyuki Shimbo et Nobuyuki Takeuchi. Il est sorti en France le 3 janvier 2018. Il s’agit de l’adaptation du film live de Shunji IWAI, sorti en 1993 qui avait connu un succès populaire et critique au Japon.
En rédigeant cette critique, j’évite volontairement toute comparaison avec « Your name ». Malgré certaines similitudes, Fireworks est un film d’animation à part entière (sans autre lien direct que les producteurs) et doit donc être apprécié comme tel. Toutefois, je l’analyse au regard de certains standards de l’animation japonaise.
Je suis allé voir ce film en 2° semaine dans un cinéma parisien. 1er constat avant que le film commence, la salle est presque pleine. Une bonne nouvelle !
De quoi parle le film : Nazuna décide de défier ses deux amis Norimichi et Yusuke lors d’une course de natation. Elle invitera le vainqueur à sortir avec elle pour voir le feu d’artifice. C’est Yusuke qui remporte la course mais entre temps, Norimichi découvre le secret de famille de Nazuna. Obligée de déménager en raison du divorce de ses parents, la jeune fille cherche à s’enfuir. Comment Norimichi va pouvoir changer le destin de cette journée ?
« Visuellement au top ? »
Sans détour, l’animation est la principale qualité du film. Les paysages sont magnifiques. Les couleurs sont très vives, parfois saturées. La petite ville côtière du Japon est représentée sous son meilleur jour. En particulier, j’apprécie le soin apporté à le représentation des intérieurs (la maison de Norimichi, la boutique de pêche, la salle de classe…). Ce sens du détail dans les films d’animation m’impressionne toujours.
Les animations sont fluides et dynamiques. Le spectacle est au rendez vous. Les effets et l’association 3D/2D sont réussis notamment la scène du wagon qui file au milieu de la mer à la fin du film. L’avancée du train, liée à celui du destin des adolescents est assez poétique. Les jeux des mouvements de l’eau (dans la piscine et la mer) sont aussi très bien représentées tout au long du film.
On reconnait le style d’animation du studio Shaft, qui fait beaucoup parler mais qui a le mérite d’être créatif et original. Si vous aimez ce style d’animation, je vous conseille l’anime Bakemonogatari ( que vous pouvez notamment trouver sur Netflix).
Toutefois, visuellement, je trouve que tout n’est pas parfait. L’animation est assez inégale.
D’abord, plusieurs plans en 3D sont ré-utilisés. Par exemple celui des escaliers du collège. Il y a peut être une explication liée aux flashback mais je ne peux m’empêcher d’y voir une économie de moyens.
Les plans éloignés sur les personnages sont en majorité ratés. Il faut souvent attendre le plan suivant, plus rapproché, pour entrevoir des expressions sur le visage des personnages. Parfois, on a donc un peu l’impression de regarder un des premiers épisodes de dragon ball super avec des visages figés et sans expressions. Si la cadence de production est un argument pour les animés à la télévision, celui-ci ne tient pas vraiment pour un film qui sort au cinéma en 2018.
L’autre reproche que je fais à l’animation est que malgré sa beauté certaine, elle ne procure que peu d’émotion. Or, c’est avant tout ce que je recherche dans un film d’animation. Illustration : la scène de la course de natation. C’est beau mais c’est tout ! En voyant cette séquence, je n’ai pu m’empêcher de penser à la course géniale dans l’animé GTO entre Onizuka et Monsieur Fukuroda. Dans un autre registre, c’est la preuve qu’une scène réussie n’est pas qu’une question de qualité de l’animation.
« Un scénario trop plein d’artifices »
La particularité de ce film est que plusieurs d’histoires se mêlent au fur et à mesure. Des histoires d’amour contrariées, une amitié qui se transforme en rivalité, une crise familiale. Ajoutez à cela plusieurs flashback qui auront pour effet de modifier le cours du temps et donc le sens de ces histoires.
Il faut donc bien se concentrer pour tout comprendre. Le problème est que le film souffre de quelques défauts qui freinent le spectateur.
En particulier, je trouve que les personnages manquent d’émotions et de profondeur. La plupart des dialogues sont sans relief. Certaines scènes se résument à une suite de questions et d’affirmations sans intérêts qui finissent par lasser. On n’arrive plus à suivre et on finit par décrocher.
Toutefois, tout n’est pas négatif. Le déroulement du film conserve une certaine cohérence. Les dernières 30 minutes gagnent en intensité et sont les plus réussies. Le dénouement est émouvant. La musique de Satoru Kosaki et le thème principal du film, Uchiage Hanabi, de Kenshi Yonezu et DAOKO est réussie (je vous mets la vidéo en fin d’article).
Le système de flashback est aussi une bonne idée. Permettre aux personnages de revenir en arrière pour déconstruire et reconstruire leur histoire d’amour est bien adapté à un film d’animation. Seul bémol, l’utilisation du flashback n’est justifiée que lorsque l’intensité du film est à son paroxysme. Ici, on a plus l’impression qu’il s’agit d’un prétexte pour faire avancer l’intrigue. Surtout, on a la sensation de tourner en rond.
Est que l’on apprend quelque chose sur la société japonaise ? Pas vraiment, le film est plein de bonnes intentions mais on assiste à beaucoup de clichés sur le Japon… sur le collège, les femmes, la famille, les amis, les jeux vidéos… Tout cela a déjà été abordé avec beaucoup plus de subtilités dans d’autres films d’animation.
Enfin la question récurrente du film, « les feux d’artifices sont-ils plats ou bien ronds, lorsqu’on les observe de côté ? » tombe un peu à plat. Elle aurait pu faire écho à des questions plus philosophiques, sur la croyance collective ou la connaissance de soi. Elle est finalement reléguée au second plan au profit de l’histoire d’amour. Le thème du passage à l’age adulte est suggéré mais le message n’est pas vraiment audible.
Conclusion : Fireworks est un film visuellement plaisant mais qui n’est pas parvenu pas à m’émerveiller. Avec un scénario trop pauvre, il manque d’originalité. L’intention est là, les idées intéressantes mais le résultat est décevant.
Ce type de film apporte quand même quelques enseignements sur l’animation japonaise en ce début d’année 2018. Surtout sur la manière de l’appréhender à l’avenir. Quel film d’animation veut-on voir au cinéma ? : des adaptations de mangas à succès pour assurer un succès commercial, imposer aux réalisateurs des cadences de folie pour répondre à la demande. Ou des expérimentations qui favorisent l’émergence de nouveau talents. Laisser le temps aux réalisateurs de faire des films aboutis ? Même si tout cela n’est pas inconciliable, j’espère que les producteurs restent encore conscients des attentes réelles des spectateurs et à l’écoute des nouveaux projets des réalisateurs japonais.
La bande annonce :
Le thème musical :