« Like Someone in Love » est un film franco-irano-japonais réalisé par Abbas Kiarostami. Il est sorti en France le 12 octobre 2012 et présenté en compétition officielle lors du Festival de Cannes 2012.
De quoi parle le film : De nos jours au Japon, un vieil universitaire érudit et garant des traditions rencontre une jeune et séduisante étudiante. Son petit ami jaloux, s’interroge sur la nature de leur relation. Entre ces trois-là, se nouent en une journée des relations inattendues, qui vont bouleverser leurs vies.
« L’histoire d’un triangle amoureux »
Dès la 1ere scène du film, on est plongé dans un bar à Tokyo en pleine nuit. En off, une voix féminine dont il est impossible d’identifier la provenance se dispute avec son interlocuteur inaudible. Cette voix, c’est de la jeune Akiko a qui son patron ordonne d’aller retrouver un client chez lui. Elle est le symbole de la jeune japonaise perdue. Sans repère dans le délitement de la jungle Tokyoïte elle est enfermé dans un travail dégradant (des rencontres tarifés) et la jalousie de son petit ami.
Ce film c’est avant tout l’histoire d’un rencontre provoquée, entre la jeune Akiko et Monsieur Watanabe.
Cette relation est d’abord mystérieuse en raison de leur différence d’âge. Quelles sont les intentions du vieil homme ?
Au fur et à mesure, elle parvient à nous toucher, en raison de l’attitude bienveillante du vieil homme. Lui rappelle-il sa petite-fille, son épouse ou la femme sur le tableau qui décore son salon ?
Affection ou amour, le réalisateur brouille et les pistes et l’apparition du 3eme protagoniste du film (le petit ami d’Akko) va bouleverser cette relation naissante.
Pour moi la principale qualité du film, c’est le naturel des dialogues. Il absorbe littéralement le spectateur. On vie avec les personnages tous les rebondissement de ce triangle affectif. Le titre du film « like someone in love » prend alors tout son sens.
L’amour contrarié de la jeune fille et de son petit ami en raison de la jalousie de ce dernier et de ces excès de violence. L’amour impossible entre Watanabe et Hakiko en raison de leur différence d’âge.
Le réalisateur brouille les pistes pour livrer son message. La scène dans la voiture est caractéristique : Est on en train de voir un triangle amoureux ou une famille (avec le grand père et ses petits enfants) ?
L’humour est aussi habilement distillé notamment avec le personnage de la voisine éprise oisive de Watanabe. Son apparition par le trou de sa seule fenêtre (tel un coucou qui sort de son trou) ne manquera pas de vous faire sourire.
« Un message sur le délitement des liens générationnels au Japon »
Le film livre aussi une réflexion sur une thème important d’une société japonaise. Le défi du vieillissement de la population (en 2014, 26 % des Japonais ont plus de 65 ans) et les rapports générationnels.
Il livre un message fort et clair : la nécessité pour chaque génération de veiller l’une sur l’autre. Il ne faut pas laisser la différence d’âge creuser la distance entre les générations. En effet, chacune a besoin et se nourri de l’autre.
La nouvelle génération pour trouver ou retrouver ses repères (ce qui manque tant à Hakiko) et pour la transmission du savoir et de l’expérience (le grand pere est écrivain et ancien professeur), ce qui manque tant à son petit ami violent.
L’ancienne génération elle a besoin de ne pas être oubliée (c’est l’erreur que commise par akiko avec sa grand mère) et de toute la compassion (la voisine) et l’assistance nécessaire (monsieur Watanabe après sa chute lors de la scène de fin ?).
« Une film immersif à la réalisation singulière »
J’ai déjà parlé de l’impression d’immersion totale que procure ce film. C’est vrai pour le dialogues grâce à la performance des acteurs. C’est aussi vrai pour les lieux ou se déroule l’action.
J’ai beaucoup aimé longue scène du Taxi ou l’on parcours Tokyo en même temps qu’Akiko. on s’y croirait vraiment ! J’ai également apprécié aussi le subtil mélange entre le Japon et l’occident. La musique classique, la maison de Monsieur Watanabe, le tableau, son lit et même sa vieille Volvo^^. A travers Watanabe, c’est un message pour une ouverture du Japon vers la culture occidentaliste et vise-versa, un témoignage de la richesse procurée par cet échange réciproque.
Le film est contemplatif et le revendique. La lenteur de l’action renforce cette impression d’immersion mail peuvent paraître lent. Les nombreux plans fixes sont tout simplement magnifiques.
Par contre, je trouve que les scènes d’intérieurs (maison, voiture) qui sont la signature de Kiarostami sont un peu trop nombreuses. Je trouve ça un peu frustrant et j’aurai aimé que le Japon soit plus présent (tant il est bien mis en valeur par ce réalisateur iranien dont la sensibilité pour ce pays se ressent).
Mon avis : « Like someone in love » est définitivement un film à part. C’est un très bel essai sur les relations humaines et les liens générationels. Je vous le recommande aussi pour sa réalisation singulière et les scènes d’immersion totale dans le japon urbain.