2018, c’est l’année d’une nouvelle palme d’or au festival de Cannes pour le cinéma japonais. Mais pas seulement…C’est l’année d’un 1/8 de finale à la coupe du monde de football pour les samouraïs bleus. Mais pas uniquement…
C’est aussi l’anniversaire des 160 ans du traité d’amitié et de commerce entre la France et le Japon. Un titre a priori symbolique pour ce traité fondateur des relations commerciales entre ces deux pays après la seconde guerre mondiale.
Un titre en réalité révélateur de la qualité des relations qui unissent ces deux peuples. Intemporelles, elles semblent aujourd’hui bien plus enracinées que le trait d’encre qui paraphe ce traité. Quand j’y pense, je suis toujours fasciné de constater cette volonté de connaissance réciproque entre deux peuples si différents et si éloignés géographiquement. Ce sentiment reste aujourd’hui profondément ancré dans les rapports entre français et japonais.
Pour célébrer cet anniversaire, à partir de juillet 2018 et jusqu’en février 2019, la France et le Japon organisent un évènement exceptionnel « Japonisme 2018: les âmes en résonances».
Le terme japonisme sert à désigner un mouvement artistique conduit par l’influence de la civilisation et de l’art japonais sur les artistes et écrivains, premièrement français, puis occidentaux. L’art qui résulte de cette influence est qualifié de japonesque. En 2018, afin de mieux faire connaître la diversité culturelle du Japon, Japonismes a l’ambition d’investir tous les domaines : architecte, peinture, sculpture, littérature, gastronomie, spectacle Kabuki, théâtre de No et bien sur cinéma.
L’expression “Les âmes en résonance” est celle de Paul Claudel, ancien ambassadeur de la France au Japon entre 1921 et 1927.
« C’est la plus grande manifestation du genre jamais tenue en dehors du Japon », explique à l’AFP Korehito Masuda, le directeur général de Japonismes 2018.
Le but, c’est que les français portent un regard nouveau, plus précis sur la culture japonaise. C’est un objectif qui me tient à cœur. Si je prend l’exemple du cinéma japonais : ma passion est peu partagée par mes amis et ma famille. On me dit souvent que les films japonais sont trop abstraits, trop complexes et pas assez divertissant pour passer un bon moment au cinéma. En réalité, cette critique se base sur des généralités, sans véritables arguments.
Au delà du cinéma, la culture japonaise souffre encore de quelques clichés découlant de sa méconnaissance. Japonisme 2018 a donc cette ambition de faire connaitre à tous les français, l’art et les traditions japonaises, d’une richesse incroyable. Pour le cinéma japonais, il rendra enfin accessibles certaines œuvres majeures aujourd’hui oubliées. Profitez en pour découvrir ou mieux connaitre le cinéma japonais. Par sa diversité et surtout son authenticité, il offre bien plus qu’une alternative au cinéma américain.
Voici le programme des réjouissances.
1) Plus de 100 films japonais à voir ou à revoir au cinéma
Cette rétrospective vise a retracer l’histoire du cinéma japonais de 1920 à 2018 à travers 119 films sélectionnés par un jury d’experts franco-japonais. Un nombre de films important qui nous laissera le choix dans les nombreux genres que propose le cinéma japonais (film médiéval, film de monstres, films d’horreurs, films contemporains…). Une mine d’or pour les initiées mais aussi une super opportunité pour tous ceux qui souhaitent découvrir le cinéma japonais ou un style de film ou un réalisateur en particulier !
Les lieux de projections :
- La Cinémathèque française : 51 Rue de Bercy, 75012 Paris
- La Maison de la culture du Japon : 101 bis Quai Branly, 75015 Paris
Je ne suis encore jamais allé dans ces salles mais je vous tiendrai informé de mes impressions (qualité de la projection, confort…) après les 1ere projections.
a) Le premier volet (de septembre à octobre 2018) :
27 films des années 1920 à 1940 avec l’ambition de couvrir les prémices du cinéma japonais jusqu’au début de son âge d’or. Des musiciens et bonimenteurs accompagneront les projections de films muets afin de faire honneur aux artistes qui savaient donner vie à ce tout nouveau 7e art.
b) Le deuxième volet (de novembre 2018 à février 2019) :
Une cinquantaine de films allant de la fin de la Deuxième Guerre mondiale aux années 2000. Ce programme sera divisé en deux sections : la première section, se déroulant à la Maison de la culture du Japon, proposera de redécouvrir 22 grands classiques du cinéma japonais en version restaurée.
La seconde aura l’ambition de décrire une histoire insolite du cinéma japonais, en présentant 33 titres rares, des années 1950 aux années 2000, de janvier à février 2019 à la Cinémathèque française.
La projection de ces films sera accompagnée de diverses manifestations, notamment de dialogues avec les acteurs ou encore un colloque sur les techniques de restauration numérique.
c) Le troisième volet (de février à mars 2019) :
Il présentera des œuvres de réalisateurs contemporains à travers 37 films récents comprenant des avant-premières, réalisés aussi bien par de grands noms du cinéma japonais que par de jeunes réalisateurs. Plusieurs rencontres sont également prévues.
Voici le programme à la Maison de la culture du Japon :
Le Programme à la Cinémathèque française :
2) Une exposition consacrée à la réalisatrice Naomi Kawase
Cette exposition aura lieu du 23 novembre 2018 au 6 janvier 2019 au Centre Pompidou. On ne sait pas encore grand chose sur le contenu de cette exposition.
Ce qui est certain, c’est que pendant la durée de l’exposition, ses films seront projetées dans les salles de cinéma du Centre Pompidou.
Naomi Kawase est née à Nara en 1969. Elle étudie les Arts Visuels à Osaka dont elle sort diplômée en 1989. En 1997, elle devient la plus jeune lauréate de la Caméra d’or pour son premier long métrage, Suzaku, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au festival de Cannes. Son travail documentaire est également assez connu au Japon.
Profondément autobiographique, le cinéma de Kawase reste singulier, car basé sur le ressenti. Il est traversé par des thématiques liées à l’absence, la souffrance et les épreuves de la vie. Il se caractérise par une grande sensibilité, ou la féminité et la poésie sont toujours capables d’apporter une consolation. Par sa manière de filmer aussi, elle se démarque par sa capacité à se projeter dans ses films et existe presque à travers eux. Le fil directeur de son œuvre pourrait être cette volonté de diffuser sa culture japonaise, sans passer par le prisme de la modernité et de la folie des grandes villes. Une vision simple, presque fusionnelle de la nature, qu’elle érige en divinité.
Très impliquée dans l’apprentissage et la transmission du savoir, elle a aussi fondée en 2010 le Festival International du Film de Nara, dédié à la promotion de la jeune création cinématographique.
Si vous hésitez encore à plonger dans sa filmographie, je vous conseille de voir « les délices de Tokyo » qui est pour moi son meilleur film.
Son prochain film : « Voyage à Yoshino »
Pour l’ouverture de « Japonismes 2018 », Naomie Kawase est venue présenter son dernier film « Voyage à Yoshino ». Elle a déclaré vouloir « diffuser la culture propre au Japon ». Tournée dans sa région natale, dans la préfecture de Nara, ce film s’annonce assez personnel et mystique. Coproduction franco-japonaise, il racontera l’histoire de Jeanne (Juliette Binoche), une Française venue au Japon à la recherche d’une plante médicinale rare.
Le film sortira en France le 28 novembre 2018.
3) Une ballade virtuelle à la Villette : l’exposition « TeamLab : Au-delà des limites »
Connaissez vous le collectif japonais Teamlab ?
C’est collectif (terme à la mode pour désigner une collaboration sans rapport hiérarchique formel) formé par 5 ancien étudiants en ingénierie numérique à l’université de Tokyo. Leur but : « Libérer l’art des contraintes physiques » qui représente par exemple une toile, grâce au numérique.
TeamLab a crée son propre musée (en partenariat avec le promoteur immobilier Mori Building) dans le quartier d’Odaiba. Un succès immédiat, qui ne va encore porogresser à l’approche des jeux Olympiques de Tokyo en 2020.
Leur 1ere exposition en France :
Du 15 mai au 9 septembre, il présente à la Villette son exposition TeamLab : Au-delà des limites. Un parcours interactif, immersif, par-delà les frontières de l’art, de la science, de la technologie et du créatif. Les tableaux évoluent en fonction des déplacements des visiteurs. Une exposition saluée de manière unanime par la critique. Un expérience inédite et un dépaysement garanti !
4) Des évènements aussi en dehors de Paris :
Comme Paris n’est pas le centre du monde, Japonisme a eu la bonne idée (grâce à certaines collectivités locales) de proposer des évènements dans plusieurs régions de France.
C’est le cas notamment de la Mairie de Trouville-sur-Mer qui a souhaité mettre en place plusieurs événements pour présenter « une partie » de toute la richesse de la culture japonaise. Voici le programme détaillé : Japonisme_2018
L’institut Lumière de Lyon, la cinémathèque de Toulouse, celle de Nice et le festival international des cinémas d’Asie de Vesoul reprendront une partie de la programmation cinéma ci dessus (voir 1).
5) Une vaste programmation TV sur ARTE, en partenariat avec la chaîne japonaise NHK
Du 3 au 7 septembre 2018, plusieurs documentaires, films, récits de voyages et des indédits de tracks (mon émission préférée avec le kamoulox)… seront diffusées sur la chaîne ARTE. Un programmation exceptionnelle (qui promets de belles découvertes et de sortir des sentiers battus) à ne pas rater !
Ce panorama dévoilera les différents aspects du mode de vie du peuple japonais tels que les enjeux sociétaux, les richesses artistiques, les mœurs ainsi que les valeurs et codes culturels du pays.
Voici la programme détaillé (avec Gégé au Japon, sur les traces du sensei Ichiban japan. Alors, tentera ou tentera pas le rallye des onsens ???) :