J’ai imaginé cette série d’articles où je souhaite mettre en avant les salles de cinémas. A ma modeste place, remettre un peu la lumière sur les salles obscures, en apparence seulement.
En réalité, les salles de cinéma nous permettent de nous ouvrir au monde, d’expérimenter l’imaginaire. Ces espaces on l’on entre individuellement, mais qui apportent d’extraordinaires émotions collectives. Les salles de cinéma sont irremplaçables !
Le principe de mon article est simple. Il s’agit de vous présenter des salles de cinémas existantes ou qui ont disparues.
Lorsque j’ai aimé un film, je me souviens toujours du lieu où je l’ai vu. Le cinéma, c’est autant le film que l’endroit où je vais le découvrir qui m’intéresse. L’un ne va pas sans l’autre.
Les salles de cinéma sont des écrins d’émotions et d’évasion qui sont indispensables au patrimoine culturel français. Les cinémas sont chargés d’histoire, de trésors d’architecture et s’accordent avec des adresses mythiques dont la seule évocation suffit à porter notre imaginaire. Pour les chanceux et souvent courageux propriétaires, c’est un défi, mais aussi l’héritage d’une volonté de partager la magie du cinéma au plus grand nombre. Diriger un cinéma « historique » donne encore plus envie de se battre pour sa promotion dans le contexte actuel.
Ce sont toutes ces salles de cinéma que je souhaite valoriser ou rendre hommage (pour celles qui ont disparues) dans cette série d’articles.
Dans ce deuxième article, zoom sur le cinéma « Le Brady » dans le 10ᵉ arrondissement de Paris. Un cinéma chargé d’histoire qui met aujourd’hui souvent en avant les films et les créateurs d’animation japonaise (Akira, Satoshi Kon, Mamoru Hosoda…).
1) Son histoire
Le Brady en 1972 – Photo © Site Cinema Treasures
Le Brady est inauguré en 1956. Il est construit dans une ancienne kermesse, devenue « boîte à musique » (flippers et juke-box) puis transformée en salle de cinéma de 300 places.
Au départ, c’est avant tout un cinéma de quartier qui programme des Westerns et films de Capes et d’épée puis se spécialiser dans les films d’épouvante. Durant plus de 30 ans, Il se distingue par sa programmation orientée vers le fantastique et l’horreur. Pendant cette période, il a failli faire faillite et disparaître à plusieurs reprises !
En 1994, il est racheté en 1994 par Jean-Pierre Mocky dans le but aussi de projeter ses films. Il est renommé un temps « Le Brady-Albatros », en référence au film homonyme de Mocky (1971). Il est fréquenté notamment par son ami François Truffaut.
Dans le livre « Le Brady – Cinéma des damnés », Projectionniste au Brady au début des années 2000, Jacques Thorens. On découvre la biographie sans filtre d’un lieu qui dépasse le cadre d’une salle de cinéma.
À cette période, c’est un endroit hors normes. C’est d’abord une salle de projection, à la programmation très hétéroclite. Films d’auteurs, Nanars, films pornographies. Tout est fait pour créer l’intérêt et favoriser la diversité. C’est aussi un lieu sans règles ni conduite ni limite. Un lieu de vie où se côtoient les spectateurs de toutes classes sociales, les prostitués, les clochards. Une salle obscure et turbulente, à l’image du quartier.
En 2001, pour une deuxième salle beaucoup plus petite (39 places) est construite. Le Brady est revendu fin 2010. En 2016, il a fêté ses 60 ans à travers une grande exposition retraçant son histoire à la médiathèque Françoise-Sagan.
Aujourd’hui, c’est l’un des rares « théâtre et cinéma » parisiens. Un cinéma qualifié « Art et Essai », membre de la CIP (Association des Cinémas Indépendants Parisiens).
2) Son architecture et ses caractéristiques
Le premier regard que l’on pose sur ce cinéma, c’est sa façade Art déco qui a évolué au fil des années mais a conservé toute son identité. Avec ce néon bleu, héritage de son histoire, à la fois futuriste et rétro en guise d’accroche l’éveil.
Le Brady est encore aujourd’hui un cinéma exceptionnel en plein centre de Paris. Deux salles de cinéma. Une de 100 places et une autre de 39 places.
Un cinéma authentique et populaire, à l’image de son histoire. Il est situé dans un quartier en plein mutation. Autrefois, une sorte de “Last exit to Strasbourg-Saint-Denis”. Dans les années 90, 2000, Le Brady fait l’objet de travaux. Une rénovation réalisée parallèlement à la réhabilitation du Passage Reilhac. Mais le quartier a changé plus vite que ce cinéma qui a gardé son charme.
3) La programmation
Pour Fabien Houi, l’actuel propriétaire, le Brady est une « salle de continuation », permettant aux films en fin de course de rester à l’affiche. Il offre une ouverture sur le cinéma jeune public, les cinématographies de l’Europe et du monde (en particulier celles de Turquie et de l’Inde).
Le 7e genre, « le ciné-club qui défie les normes », continue de revisiter l’histoire du cinéma au prisme des questions de genres et de sexualités minoritaires. Il propose des films de toutes époques, tous pays, tous styles, des grands classiques à redécouvrir aux œuvres plus confidentielles.
Les projections sont suivies de débats en présence d’invité-e-s d’horizons divers (cinéastes, scénaristes, comédien-ne-s…)
C’est un cinéma ouvert sur l’animation japonaise. Voici quelques récentes illustrations :
– Le marathon Satsoshi Kon : https://www.lebrady.fr/film/318585/
– Akira : https://www.lebrady.fr/film/288597/
– Marathon Mamoru Hosoda : https://www.lebrady.fr/film/260407/
4) Adresse, accès et réservations
Adresse : 39 Boulevard de Strasbourg, 75010 Paris
Accès en Métro : 4 (Château d’eau) – 8-9 (Strasbourg St Denis) – 5-7 (Gare de l’est)
Plan :
Pour en savoir plus :