Enquête de l’IPSOS sur les MANGAS en FRANCE

Vous le savez peut être déjà, la France est surnommée le second pays du manga. Avec 23 millions d’exemplaires vendus au premier semestre 2022, les ventes de mangas ont plus que doublé en France. Une bande dessinée vendue sur deux dans l’Hexagone est un manga. Ce secteur s’affiche aujourd’hui comme «le plus dynamique» de l’édition, selon les chiffres du cabinet Allemand GfK.

Le 1er décembre 2022, Ipsos (société spécialisée dans les études de marché) a publier une enquête « sur les Français et les mangas ». Avec en accroche des questions a priori intéressantes : Comment les Français accèdent-ils aux mangas ? Quels genres préfèrent-ils ? Qu’est-ce qui explique leur engouement si unique ?

Voici le lien pour la lire en intégralité : https://www.ipsos.com/fr-fr/les-mangas-et-les-francais-limagination-sans-limite

Après avoir lu l’étude je la trouve décevante. Même si le constat est pertinent, les données quantitatives révélatrice, l’analyse sur le fond n’est pas assez approfondis et mais que certaines interprétations sont contestables. Voici la synthèses des points qui m’ont déçus et 4 points pour lesquels j’adresse un modeste droit de réponse) :

1) Des facteurs que l’on connait déjà et qui commencent à « dater »

« Sur le plan quantitatif, l’enquête montre que les dessins animés popularisent les mangas ». La télévision a joué un rôle essentiel dans sa propagation, avec notamment le Club Dorothée qui a fait découvrir les dessins animés et les séries japonaises à une génération entière de Français qui se sont attachés à Goldorak, Albator, Nicky Larson, etc., les parents et grands-parents des ados d’aujourd’hui.

Le but de l’enquête est de démontrer les raisons de l’intérêt du manga chez les Français. Je trouve ça facile et réducteur de l’expliquer par le lien avec les animes. L’étude porte sur les mangas donc j’en attendais plus ou alors il fallait allez plus loin.

Youjours sur les animes, on apprend que 54% des spectateurs affirment regarder les animes à la TV. Sachant qu’aujourd’hui, les mangas sont majoritairement sur les sites de streaming, je me demande quelles sont ces chaînes de TV. J’aurai aimé connaitre la base chronologique des données ?

2) Encore des clichés sur le Japon (entre tradition et modernité)

Sur le plan qualitatif, c’est aussi l’époque de l’arrivée des restaurants japonais en France, des livres de managements inspirés par les traités des Samouraïs, de toute une influence japonaise particulièrement riche dans les années 80.
L’origine japonaise représente un arrière-plan intriguant, riche et valorisant, en tant que « pays qui attire beaucoup de monde, par son pays, sa culture, son histoire », avec une part de mystère : « C’est un univers très spécial et très fascinant de par ses codes, ses façons de se vêtir, de se coiffer… ». Transposer au Japon, sur le mode de la fiction, des problématiques générationnelles semble aussi montrer aux lecteurs français qu’elles sont partagées, voire universelles, grâce à « la présence de personnages dont l’âge est similaire à celui des lecteurs, avec des images simplifiées à la manière d’une BD, qui reprennent les codes japonisés qui attirent ».

Il me semble que ce sont des généralités qui font un peu « cliché ». Au début des années 90, on aurait pu se contenter de ce discours mais pas aujourd’hui. On dirait que l’étude se contente de légitimer politiquement le manga. Donc le terme qualitatif n’est pas vraiment approprié…A moins que ce ne soit Ségolène Royale qui ait demandé cette étude, il faut dire que le discours à changé.

Il manque surtout des développements et une prise de recul pour expliquer non pas pourquoi mais comment le manga est ancré dans notre culture. Mais en s’intéressant à des facteurs plus liés aux émotions, les valeurs que l’on cherche, à notre manière de penser, d’imaginer et d’exprimer nos sentiments.

3) Fan de mangas = drogué ? dangereux ?

« Il semble qu’une vraie addiction puisse se créer : 13% disant en avoir lu ou regardé plus de vingt, 19% entre 10 et 20, 18% entre 5 et 10 ; les autres, 50%, entre 1 et 5 »

L’emploi du terme addiction me parait au mieux maladroit, au pire complètement hors sujet. En plus il a une connotation négative. Cela aurait été intéressant d’avoir l’avis de sociologues. Il me semble lire certaines études sur les jeux vidéos, qui tentent de décrédibiliser plutôt que d’analyser et de proposer. Regardez les chiffres avançés, ils sont ridicules. Cela veut dire quoi ? que si on lit plus de 5 mangas par an, on est addict et pas normal ?

4) Un portrait robot sans queue ni tête

« S’il fallait faire le portrait-robot d’un afficionado aux mangas, ce serait un homme entre 18 et 34 ans, habitant Paris et région parisienne, CSP – ; et à l’inverse, le moins friand de ces bandes dessinées japonaises serait une femme, âgée de 55 à 75 ans, dans le Sud-Est, inactive. Comment continuer à fidéliser les premiers, et surtout comment recruter les secondes ? »

Je trouve ces deux portraits peu porteurs de sens. Pourquoi seulement deux portraits ? Pourquoi des données si précises mais en même temps des tranches d’âge si larges ?  Par contre, la question est intéressante sur comment fidéliser est intéressante. Mais là encore, l’étude n’est pas assez développée. Ca aurait intéressant d’avoir l’analyse d’éditeurs, de mangaka…

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