Le 43eme festival international du film d’animation d’Annecy se déroule du 10 au 15 juin 2019. Chaque année, un pays est mis à l’honneur. C’est année, c’est le Japon. En témoigne, la magnifique affiche signée Charlotte Gastaut.
Les films d’animation japonais sélectionnés en compétition officielle sont tous très attendus (ne manque que le dernier Makato Shinkai^^). Ils sortiront quasiment tous au cinéma en France en 2019.
Ce qui m’intéresse tout autant, c’est ce qui se passe à coté de la compétition, les multiples évènements ouverts au public qui font l’ADN de ce festival. Dans mon article l’année dernière, je vous avais parlé de l’ambiance et de l’esprit d’ouverture vers le public, avec des films et des échanges accessibles à tous, ce qui est de plus en plus rare dans les festivals.
Cette année, je souhaite faire un focus sur son rôle de révélateurs de talents. Le festival d’Annecy s’évertue à créer entre les générations.
Je trouve qu’il se distingue des autres festivals internationaux du film. La raison est certainement que les films d’animation ne s’embarrassent pas des acteurs, d’interview aux questions et aux réponses toutes faites. Il se débarrasse des apparences pour se concentrer sur le fond et faire une auto critique constructive de l’industrie du cinéma d’animation. Surtout, il se préoccupe de l’avenir (et pas de celui des marques de cosmétiques) en favorisant chaque année l’émergence de nouveaux talents.
En 2019, les organisateurs ont mis les bouchées doubles pour faire découvrir au public la diversité de l’art japonais. En particulier, il mettra en avant le cinéma d’animation indépendant et ses talents.
Une perche lancée aux producteurs japonais pour leur faire prendre conscience que cette nouvelle génération mérite d’être chouchoutée (et pas sacrifié sur l’autel de la rentabilité et des cadences infernales) car elle représente l’avenir de l’animation japonaise à l’échelle mondiale.
I- Les films japonais en compétition
- Catégorie Longs métrages :
1) « Wonderland, le royaume sans pluie » (en anglais, The Wonderland) de Keiichi Hara
L’histoire : Akane est une jeune fille timide, peu sûre d’elle. La veille de son anniversaire, elle se rend dans la boutique d’antiquités de sa tante pour y choisir un cadeau. Surgit soudain un homme très mystérieux : Hippocrate l’alchimiste. Il vient d’un autre monde, un monde menacé par une très grande sécheresse. Il pense qu’Akane est la déesse verte et qu’elle seule peut l’aider à sauver son pays.
2) « Kimi to, nami ni noretara » de Masaaki YUASA
L’histoire : Hinako, une fille passionnée de surf, déménage dans une ville balnéaire. Lors d’un incendie, elle est sauvée par un pompier nommé Minato. De cet incident va naître une incroyable fusion entre deux êtres aux éléments contraires. Mais Minato meurt en surfant seul. Alors que tout le monde tente de surmonter sa peine, Hinako s’accroche à l’esprit de son ami, qui rejaillit dans sa vie sous forme d’eau.
3) « The Relative Worlds » de Yuhei SAKURAGI
L’histoire : Shin est un lycéen ordinaire qui vit à Tokyo. Un jour, il rencontre un garçon nommé Jin, parfaitement semblable à lui, qui prétend venir d’un autre monde. Selon Jin, un monde parallèle existe, où règne une princesse malfaisante, Kotoko. Jin s’est rendu à Tokyo pour tuer le double de Kotoko, qui se trouve être la meilleure amie de Shin, Kotori.
- Catégorie Contrechamps :
« Les Enfants de la mer » de Ayumu WATANABE
L’histoire : Ruka, jeune lycéenne, vit avec sa mère. Elle se consacre à sa passion, le handball. Hélas, elle se fait injustement exclure de son équipe le premier jour des vacances. Furieuse, elle décide de rendre visite à son père à l’aquarium où il travaille. Elle y rencontre Umi, qui semble avoir le don de communiquer avec les animaux marins. Ruka est fascinée. Un soir, des événements surnaturels se produisent.
- Catégorie Films d’animation pour la télévision :
« Dino Girl Gauko » Dad’s Secret » » d’Akira SHIGINO (pour Netflix).
L’histoire : Naoko Watanabe est une fille de 14 ans ordinaire, sauf qu’elle possède un étrange don, qui est aussi une malédiction : quand sa colère dépasse un certain seuil, elle se transforme en Gauko, une fille dinosaure qui crache du feu.
- Catégorie Films de commande :
« Powder « New Tribe » », vidéoclip de AC-bu
AC-bu est un collectif japonais de 2 animateurs (Toru Adachi et Shunsuke Adachi) que j’adore avec style décalé, entre le kitch et le WTF. Pour mieux les connaitre, je vous recommande de voir l’excellent émission tocotoco qui leur est consacré.
- Catégorie Courts métrages :
« The Dawn of Ape » de Mirai MIZUE
Voici la première animation conçue pour être regardée par des chimpanzés. Cette fois-ci, nous allons vous la montrer à vous, humains.
- Catégorie Off-Limits (courts métrages) :
« Leaking Life » de Shunsaku HAYASHI
II- L’avenir du cinéma d’animation japonais en avant
A) Les courts métrages de fin d’études :
1) « Bath House of Wales » de Kiyama MIZUKI (Tokyo University of the Arts) ;
2) « Keep Forgetting » de Takahiro SHIBATA ( Tokyo University of the Arts) ;
3) « The Hunter » de Jari VAATA (Tama Art University)
B)Atsushi WADA et Kôji YAMAMURA à l’honneur
Ce sont deux figures montantes du cinéma d’animation. Je les suit particulièrement car il défendent un cinéma indépendant, libérés au maximum des contraintes de temps pour faire des films et des impératifs de recettes immédiates.
– Atsushi WADA :
Stimulant les cinq sens et transcendant les limites de la perception corporelle, Atsushi Wada ne crée pas simplement des histoires animées, il donne à ressentir mouvements, émotions et soubresauts du subconscient. Dans des œuvres minimalistes puisant leur inspiration du côté du théâtre Nô, basé sur la musique et la danse, le réalisateur dévoile un regard poétique sur les relations humaines. Sans jamais rien y ajouter de superflu.
En témoignent deux de ses courts métrages reconnus au Japon comme à l’international, In a Pig’s Eye, adoubé du prix d’excellence au Japan Media Arts Festival, et The Great Rabbit qui recevait l’Ours d’argent au festival du film de Berlin. Deux créations, et bien d’autres, pour se plonger dans le doux univers d’Atsushi Wada.
– Kôji YAMAMURA
Reconnu dans les plus grands festivals, d’Annecy aux Oscars en passant par Animafest, son court métrage Le Mont Chef venait secouer le monde de l’animation contemporaine. Un monde que Kôji Yamamura continue d’agiter depuis plus de quinze ans en enchaînant les projets et collaborations artistiques au Japon comme à l’international. Partenariats avec l’ONF, mini-série avec le poète Arthur Binard, illustration de livres. Membre de l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences, il exerce aussi comme professeur à l’Université des arts de Tokyo.
C) Des conférences et des Masters class
Exemples de thèmes :
– L’animé japonais à l’international : à l’aube d’un nouvel essor ?
– Les stratégies innovantes des distributeurs européens de films d’animation
Master classe de Yôichi Kotabe :
Lui ne fait pas partie de la nouvelle génération mais c’est un ambassadeurs du savoir faire l’animation japonaise, qu’il s’évertue à transmettre. Collaborateur de Yasuji Mori, il devient l’un des principaux collaborateurs d’Isao Takahata, avec qui il travaille pour la première fois à l’occasion d’Horus prince du soleil (1968).
Kotabe, Takahata et Miyazaki quittent la Toei ensemble pour fonder un studio où Takahata réalise Panda petit panda (1972), d’après une idée et un scénario de Miyazaki et avec Kotabe comme chef animateur et au design des personnages. La complicité entre les deux hommes se développe alors qu’ils se retrouvent pour les séries télévisées Heidi (1974) et Marco (1976).
Il rejoint plus tard Nintendo.Il est notamment responsable du design définitif de plusieurs personnages de la série Super Mario. Il travaillera également sur le design de certains pokémon, et participa à la réalisation de jeux comme Super Mario World et certains épisodes de The Legend of Zelda
Cette leçon de cinéma sera l’occasion pour lui de revenir sur sa carrière mais de parler de sa vision de l’avenir du cinéma d’animation et du Japon.
D) De jeunes animateurs dévoileront leurs premiers travaux
Créé en 2010 par l’Agence aux Affaires Culturelles du Japon, le Young Animator Training Project – également connu sous le nom d’Anime Tamago – est une initiative visant à accompagner les jeunes animateurs japonais dans leur formation et ainsi faire éclore les talents de demain. Un parcours professionnalisant durant lequel les apprentis réalisateurs sont immédiatement plongés dans le grand bain et se forment à mesure qu’ils créent, selon une méthode appelée « on the job training« .
Les courts métrages qui en résultent, véritable concentré de créativité à l’état brut, offrent un aperçu de l’excellence japonaise en devenir.
III- « Modest Heroes » du studio ponoc en avant-première
Vous pourrez découvrir en exclusivité les trois premières réalisations du studio Ponoc Short Films Theatre. Modest Heroes (volume 1). Ces 3 courts métrages explorant chacun à leur manière la thématique de l’héroïsme au quotidien. A noter que Yoshiaki Nishimura, producteur fondateur et président des studio Ponoc sera membre du jury.
IV-Programme complet et réservation